GR66
– Tour du Mont Aigoual –
jours
km
dénivelé (mètres)
🗺️ Informations techniques
Ces informations ainsi que les tracés sont donnés à titre indicatif. Nous vous déconseillons de les utiliser tels quels ! Préférez vous référer à une carte de randonnée pour préparer votre voyage.
Jour | Date | Etape | Distance (km) | Dénivelé + (m) | Dénevelé – (m) |
1 | 12/06 | Meyrueis -> Aire de Côte | 28,3 | 999 | 614 |
2 | 13/06 | Aire de Côte -> Espérou | 15,9 | 618 | 443 |
3 | 14/06 | Espérou -> Dourbiès | 30,5 | 622 | 1014 |
4 | 15/06 | Dourbiès -> Meyrueis | 20,2 | 830 | 980 |
Mardi 11 juin – Jour 0
Le paysage défile à toute vitesse par la fenêtre de la voiture. Dans la douce chaleur de l’habitacle règne une ambiance paisible. Les gouttes de pluie claquent sur les carreaux et nous nous demandons quel temps va réellement nous attendre à Meyrueis sur les quatre prochains jours.
L’idée d’aller se perdre au fond de la Lozère sur le GR66 est venu de notre amie Emeline en début d’année, sur les conseils de sa tante. Quelques mois plus tard et après plusieurs séances d’organisation, nous voilà en train de concrétiser notre petite aventure.
Cela fait quelques heures maintenant que nous sommes en route, Florian, Emeline et moi. Après avoir mis une bonne demi-heure à sortir de Paris, nous avons traversé la France à toute allure par la A71 et c’est sur la réserve que nous arrivons finalement dans le petit village qui marque notre départ sur le GR66. Nous sommes bien contents d’arriver. Nos affaires déposées à l’hôtel, et le plein refait à quelques kilomètres de là, nous nous empressons d’aller fêter ça avec un grand Monaco, en terrasse, près de la rivière.
Ça sent les vacances. Les verres tintent, des gouttes de fraîcheurs perlent sur les pintes, et des rires montent dans l’air. Après un bon dîner, nous nous hissons sur les hauteurs pour contempler les ruelles éclairées, entourées de timides montagnes qui enserrent la ville comme un écrin.
Il nous manque encore deux comparses venant de Toulouse, Ilane et Marion, pour commencer cette belle aventure, demain matin. Ils devraient arriver pendant la nuit.
Mercredi 12 juin – Jour 1
28,3 km / 999m d+/ 614m d-
Ce n’est pas la première fois que Flo et moi partons en randonnée avec d’autres personnes (on avait déjà fait les Alpes Cottiennes avec le CAF) mais c’est la première fois que ce sera avec des amis un peu moins expérimentés et sur autant de jours. Ça promet d’être une expérience intéressante ! J’adore l’itinérance mais je sais que c’est un exercice qui peut être un peu difficile.
D’autant que le GR66 n’a pas prévu de nous ménager: les étapes sont longues, bien qu’assez peu dénivelées. Il ne faut donc pas le prendre à la légère.
Sachant cela nous visions un départ assez tôt, pour profiter de la fraîcheur et d’une longue matinée. Cependant les circonstances ont fait que nous avons retrouvé nos deux amis manquants assez tard, mais dotés d’une belle motivation ! Après un petit déjeuner de retrouvailles à l’hôtel et quelques échanges d’affaires à la voiture, notre joyeuse petite bande se met en route à 10h passés sous un inespéré et magnifique soleil.
Les premiers kilomètres défilent et nous nous éloignons tranquillement de la ville pour nous enfoncer dans les forêts qui couvrent encore les montagnes à cette altitude. Les champs fleuris succèdent aux arbres, dans un décor champêtre, avec en toile de fond les falaises marquants la fin du plateau des Cévennes.
Ravis de nous retrouver après tout ce temps, nous nous racontons nos vies tandis que se déroule sous nos pas le sentier du GR66.
Nous faisons un premier petit détour au Puech Pounchut à 1125m, sommet garni d’une antenne, et d’une belle vue sur les alentours. Là-haut, le vent nous décoiffe et refroidi nos dos mouillés de sueurs. Couverts d’une polaire, nous grignotons une barre de céréale et en contemplant les hauteurs du Massif Central.
Je suis fascinée par la quantité de fleurs qui nous ouvre le chemin. Orchidées, pensées, globulaires et myosotis parsèment les champs et poussent de façon anarchique. Difficile de ne pas s’arrêter toutes les 5 minutes pour les contempler !
Nous faisons notre pause déjeuner au point le plus haut de la journée, pour n’avoir (presque) plus que de la descente derrière, et parce que nous avons trouvé une table de pique-nique particulièrement appropriée à l’exercice.
Après la pause, les kilomètres commencent à se faire long jusqu’au gîte de l’Aire de Côte. Nous croisons un premier refuge, le refuge de la Draille, dont la partie non gardée est ouverte et propose un chouette dortoir, ainsi qu’une belle zone de bivouac sous les arbres. On croirait sentir dans les jambes des uns et des autres l’envie de s’arrêter là, mais la motivation reste et nous continuons. Encore 10 km !
L’arrivée au gîte se termine par une montée sur un chemin goudronné des plus désagréable, mais la joie de trouver notre petite aire de bivouac pour la nuit, dotée d’un robinet et même de toilettes sèches, l’emporte bien vite sur les ronchonnements de fin d’étape. Il est déjà 19h, nous montons rapidement nos tentes avant de préparer à manger.
La nuit tombe doucement, nous sommes bercés par le tintement des cloches des brebis qui sont de passage avec leurs bergers pour la transhumance. Ils se montrent étonnés de trouver des randonneurs là, eux-mêmes n’ont pas l’air très contents d’y être !
Une tisane plus tard et nous nous mettons rapidement au lit car la température descend rapidement. Demain nous attaquons le Mont Aigoual, point culminant de notre randonnée mais aussi du Gard avec ses 1565m.
Jeudi 13 juin – Jour 2
15,9 km / 618m d+ / 443m d-
La nuit a été fraîche, vraiment très fraîche. Autour de zéro degrés, paraît-il ! Ca réveille bien le matin. Mes doigts glacés ont du mal à saisir les coins de la tente pour la replier.
Nous partons en même temps que les brebis, ce qui nous permet de faire la conversation avec les bergers en nous réchauffant les muscles.
J’apprends ainsi que jusqu’à récemment ils avaient l’habitude de faire « tomber » les queues des brebis en les attachant avec un élastique… et que maintenant quelques « bobos dans leur salon » ont décidé que c’était mieux de ne pas le faire (je cite).
Nous apprenons aussi que nous avons à faire à une des plus belle race de brebis de la région, la Raïole, dotée d’une belle paire de cornes. Elles sont trop mimis avec leurs petits pompons revêtus pour l’occasion.
Nous ne cessons de nous croiser et nous recroiser jusqu’au sommet du Mont Aigoual. La montée est un peu raide mais magnifique par le GR, près du vide, avec des points de vue superbes sur la vallée. Nous montons courageusement. Nos amis toulousains ploient sous poids de leurs sacs à dos bien chargés et sous la chaleur du soleil.
C’est sous un magnifique ciel bleu que nous suivons la dernière vire avant le sommet. Il semblerait que ce soit incroyable d’avoir un temps vraiment dégagé au Mont Aigoual, qui est connu pour sa météo capricieuse, au point qu’il y a un atelier de test de matériaux en conditions extrêmes avec la station de météorologie qui couronne son sommet !
Nous nous y arrêtons pour manger et boire un café. La vue est incroyable. On peut voir la méditerannée, les Alpes avec le Mont Ventoux, mais aussi un petit bout des Pyrénées, il paraît que ce serait le Canigou… !
Ilane semble avoir le corps complètement meurtri après cette épreuve. La faute au sac à dos, aux carottes, et à la boite de sardine. Ça me fend le cœur que de le renvoyer sur les chemins pour redescendre à l’Espérou. Heureusement que la journée n’est pas trop longue.
Nous la finissons au café du village avec un bon jus de pomme frais. La semelle de la chaussure de Marion a choisit ce moment pour se détacher, langue de caoutchouc pendant tristement de son socle. Elle parvient tant bien que mal à la faire tenir avec de la super-glue.
Nous faisons un rapide passage à la supérette du village pour prendre quelques fruits à manger ce soir avant de gagner le camping. Une fois les tentes montées sous d’accueillants pins nous offrant une mi-ombre appréciable, nous nous précipitons sous une douche bien méritée. Un peu de lessive, un peu de vaisselle, un peu de repos…
Nos amis toulousains ont décidés de ne pas continuer avec nous les 2 derniers jours, et de rentrer è Meyrueis en empruntant la « vallée du Bonheur » par un chemin plus court. Je suis triste de les voir déjà partir, c’est passé si vite !
Vendredi 14 juin
30,5 km / 622m d+ / 1014m d-
Aujourd’hui il reste donc Florian, Emeline et moi, le trio parisien, pour continuer le GR66. Nous partons de bonne heure car la route est bieeeen longue aujourd’hui, 27km de prévus. Nous embrassons nos amis et nos chemins se séparent.
C’est une longue et tranquille balade dans la forêt qui s’ensuit, alternant sentiers et chemins forestiers, dans une atmosphère parfois un peu tropicale, avec des sous-bois moussus et de nombreuses plantes vertes luisantes, un peu comme la flore qu’on retrouve autour des grottes. Emeline, trottinant devant, aperçoit une biche et son petit qui s’enfuient à travers les fourrés, et c’est notre évènement de la matinée.
Nous arrivons au lac des Pises pour le déjeuner. Avant de quitter la forêt et gagner le bord du lac, je fais un arrêt technique derrière un tronc, et le temps que j’émerge de nouveau, je perds la trace de mes compagnons d’aventure. Je continue d’avancer, perplexe, sachant qu’on s’était dit qu’on allait manger là. Dans un élan d’acharnement, je marche bien 10 minutes jusqu’à ce que le sentier quitte le bord du lac, et n’ayant toujours pas vu la moindre trace de mes amis, fatiguée et agacée, je m’assoie sur un caillou, bien décidée à ne pas refaire le moindre pas dans le sens inverse.
J’essaye de les appeler en criant, de leur passer un coup de téléphone mais il n’y a pas de réseau, et me voilà vraiment bien embêtée… Où sont-ils passés ?! J’insiste et refuse de me rendre à l’évidence: j’ai du leur passer devant le nez, et on ne s’est pas vu… ce que me confirme quelques instants plus tard la petite silhouette d’Emeline qui émerge à un bout du chemin. Elle me rejoint rapidement et nous faisons demi-tour ensemble pour retrouver Florian. On s’était bien manqué, à quelques mètres près.
L’incident se termine sur une tranche de pain et de fromage qui m’aident à ravaler ma peur de l’abandon ! Florian a mal à la cheville: il a reprit ses bonnes habitudes de rando et se l’est tordue en route.
Un peu requinqués par notre pause, nous reprenons notre route. Ce qui est particulièrement appréciable sur ce GR, c’est le peu de monde qui le pratique. Cela fait maintenant 3 jours que nous sommes partis et nous n’avons croisé quasiment personne en dehors des villes et du Mont Aigoual. Nous passons la plupart de notre journée dans le plus grand des calmes, accompagnés seulement du bruit de nos pas, du chant des oiseaux et parfois du vrombissement lointain de la route.
A quelques kilomètres de la fin de notre étape, nos pas nous emmène dans un petit détour au rocher de Saint Guiral. C’est une grosse pointe de granit qui dépasse de la forêt, affublée d’une grande croix marquant le lieu de pèlerinnage, et sur laquelle se promenaient deux chèvres aux longues cornes.
Croyant qu’elles allaient fuir en notre présence, nous sommes prudemment montés sur le rocher, mais elles manifestaient plutôt de la curiosité et se rapprochaient de nous sans craintes. Il y en a même une qui est venu quémander une caresse (ou de la nourriture probablement) en mettant son museau directement dans ma main !
Devant notre manque de coopération (on ne partage pas nos barres de céréales, hého), elles se sont mises à se foncer dessus dans une sorte de jeu de provocation, avec nous un peu perdus, au bord du vide, effrayés à l’idée de se faire charger par une paire de corne ! Emeline redescend vite vite, je la suis de près tandis que Florian se fraye un chemin jusqu’au sommet. Les chèvres se poursuivent l’une l’autre et sautent de rocher en rocher, passant juste au-dessus de la tête d’Emeline !
Nous filons sans demander notre reste et redescendons en bas du rocher, hors de portée des chèvres, pour manger notre goûter tout en les surveillant du coin de l’œil. La crainte passée, cette petite aventure nous fait beaucoup rire, et occupe nos discussions alors que nous repartons en direction de Dourbiès.
27km à pied, ça use, et les derniers kilomètres semblent toujours durer des heures. Les derniers lacets de bitume qui nous séparent du camping sont interminables, et alors que nous apercevons enfin l’arrivée, nous recroisons tout à fait par hasard nos amis bergers des premiers jours. Eux aussi sont sur la fin, la transhumance s’arrête non loin de là, et ils semblent bien soulagés !
Le camping de Dourbiès est sans doute le camping le plus mignon que je n’ai jamais vu: les emplacements sont délimités par de beaux massifs fleuris, les terrasses s’enchaînent élégamment et une rivière coupe le terrain en deux. Il est désert à l’exception d’un enthousiaste pêcheur à la mouche qui nous salue gaiement, et d’un vieil homme qui nous annonce gravement que les hyènes ont été introduites dans la région, et que si on se lève assez tôt, on pourra voir des loutres dans la rivière en contrebas.
La fatigue nous scie les jambes, pourtant il faut monter la tente, et bien la monter car du vent est annoncé cette nuit. Pour dîner, nous nous installons avec joie sur une table de pique-nique, plutôt qu’en tailleur dans l’herbe, c’est quand même bien plus confortable ! Nous avalons avec joie nos nouilles chinoises et nos soupes. C’est le dernier soir alors on peut y aller sur les provisions, tout doit disparaître.
Entre temps, nous avons eu des nouvelles de nos amis qui sont bien rentrés à Meyrueis, et reprendront la route pour Toulouse le lendemain afin de profiter d’un week-end bien mérité !
Samedi 15 juin – 4ème jour
20,2 km / 830m d+ / 980m d-
La nuit a été plutôt chaude et pas tellement agitée. Nous nous réveillons de bonne heure et de bonne humeur pour cette dernière journée qui va nous ramener à Meyrueis. Après avoir pris un rapide petit déjeuner et plié la tente, nous utilisons un charmant raccourci menant directement du camping au village de Dourbiès en passant par la rivière. Le village est au moins aussi joli que le camping, avec ses vieilles pierres, son lavoir, sa jolie place fleurie et sa grande église. Nous sommes charmés par l’ambiance et il est impossible de résister à l’envie de prendre un café et un croissant au bar du village.
C’est samedi alors parents, enfants et chiens défilent pour se dire bonjour au comptoir, c’est très joyeux. Emeline est ravie de pouponner tous les toutous qui viennent nous dire bonjour.
Il nous reste toujours 17km à faire aujourd’hui, alors il faut bien décoller de nos chaises et du village, non sans se dire que s’il fallait venir en camping dans la région un jour, ce serait sûrement ici.
Nous nous élevons au-dessus du village, jusqu’à le faire disparaître totalement en passant le col nous menant à la vallée suivante. Ça y est nous sommes bien sur le chemin du retour. Notre dernier jour de marche se passe sans évènement notable sinon un mal de pied qui s’est bien installé depuis la veille.
Nous arrivons au village de Meyrueis au milieu de l’après-midi, dans un état physique plutôt bon, et avec la délicieuse satisfaction d’avoir coché une petite case dans notre liste des belles randonnées à faire. Nous fêtons cela comme il se doit, avec une bonne douche et une grosse pizza !
Dimanche 16 juin
Après une agréable nuit à l’hôtel dans un vrai lit, nous revoilà parti pour rentrer à Paris. Le ciel bleu et les paysages sublimes que nous traversons dans les Gorges du Tarn ne nous donnent pas du tout envie de rentrer. Une petite pause s’impose, sur la route entre deux lacets. Nous allons contempler le Tarn qui serpente dans le fond de la vallée, jonché de minuscules kayakistes qui glissent avec plus ou moins de contrôle sur sa surface miroitante.
Nous restons là quelques dizaines de minutes, à nous chauffer au soleil, touristes et rêveurs du dimanche.
Puis retour sur la route, et s’ensuivent deux ou trois stations service d’autoroute, et puis la pluie, et puis les embouteillages… Nous arrivons enfin dans une capitale grise, gémissant des sirènes de pompiers et puant l’essence…. Et demain, au travail. Le retour à la réalité est, comme toujours, difficile. Heureusement, il y a les beaux souvenirs et la chaleur d’une amitié dans le cœur.
Mathilde, tu as un talent de dingue pour écrire.
C’est un régal et les photos sont magnifiques.🦋
L’endroit l’est aussi bien sûr et c’est ce genre de rando qui me plaît, du vert partout, 🌱🌲🍃des animaux….🐐🦌… 🦕:-D.
Merci pour ce beau partage 😘
Bref je n’aime pas la caillasse 😬