10ème semaine
Etang de la Pradella -> Banyuls
- Progression – 1108km 100%
Kilomètres
Dénivelé + (mètres)
Dénivelé - (mètres)
🗺️ Informations techniques
Ces informations ainsi que les tracés sont donnés à titre indicatif. Nous vous déconseillons de les utiliser tels quels ! Préférez vous référer à une carte de randonnée pour préparer votre voyage.
Jour | Date | Etape | Distance (km) | Dénivelé + (m) | Dénevelé – (m) | Durée (h:min) | Distance KME (*) |
64 | 22/08 | Etang de la Pradella -> Refuge de l’Orri | 26,91 | 843 | 1013 | 5:37 | 38,4 |
65 | 23/08 | Refuge de l’Orri -> Coll de Jou | 31,22 | 1790 | 2432 | 8:02 | 56,4 |
66 | 24/08 | Coll de Jou -> Refuge des Cortalets | 18,64 | 1699 | 667 | 4:54 | 37,6 |
67 | 25/08 | Refuge des Cortalets -> Arles-Sur-Tech | 29,13 | 485 | 2238 | 6:11 | 40,7 |
68 | 26/08 | Arles-Sur-Tech | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
69 | 27/08 | Arles-Sur-Tech -> Las Illas | 31,05 | 1910 | 1631 | 7:20 | 55,0 |
70 | 28/08 | Las Illas -> Cabane de la Tanyareda | 29,98 | 1395 | 898 | 6:25 | 46,6 |
71 | 29/08 | Cabane de la Tanyareda -> Banyuls-sur-Mer | 22,43 | 469 | 1475 | 4:46 | 31,5 |
(*) KME = kilomètre effort / Notre calcul = distance + (dénivelé positif / 100) + (dénivelé négatif / 333)
Lundi 22 Aout – Jour 64
26,91km / 843m D+ / 1013m D-
Les départs de randonnées matinaux ont toujours un petit goût un peu mystérieux. On avance en silence dans un paysage endormi où les ombres regorgent encore de secrets. La brume adoucit les contours et fond les couleurs. Les mains emmitouflées dans les gants, le nez dans le tour de cou, l’air frais nous pique les joues. Mon esprit reste longtemps engourdi, tandis que mes jambes se dénouent lentement un pas après l’autre.
Après deux mois passés à crapahuter dans les montagnes, les longs chemins plats des Pyrénées Orientales sont monotones et presque ennuyeux. Nous suivons une forêt de pin qui descend très tranquillement vers Superbolquères. Le soleil se lève et sa chaleur commence à percer timidement la voûte des arbres.
Nous quittons la forêt pour bifurquer vers Superbolquères. La station de ski reconvertit en station d’été fourmille de vacanciers. Lors de mes fantasmes sur cette épopée montagnarde, j’imaginais que le choc du retour à la société serait plus rude. Les bruits, les odeurs de pot d’échappement, les publicités criardes, le béton, les gens… je n’ai pas eu le temps d’oublier qu’ils existaient. Je pense qu’il faudrait qu’on reste isolés bien plus longtemps pour que ça arrive, et ce n’est clairement pas sur le GR10 que ce sera le cas.
Nous profitons de la civilisation pour nous ravitailler. Nous discutons avec la vendeuse de charcuterie et fromage. Ses conseils sur la rosette au roquefort ravissent Florian. Elle nous félicite chaleureusement pour cette Traversée en duo. Elle voit assez peu de femmes qui font la traversée en entier, et encore moins d’une traite. Ce sont plus souvent des hommes. Je suis terriblement flattée, et tâche de calmer mes petits monstres intérieurs avec ces compliments.
Le sac et le ventre remplit, nous reprenons notre chemin. Le GR10 suit en bonne partie la route puis reprend un petit chemin au milieu des champs. On se croirait à la campagne.
A la sortie de Bolquères, alors que le plat bitume nous fatigue, nous faisons la rencontre d’un HRP-iste. Egalement sur la fin de sa Taversée, il a l’air ravi de pouvoir papoter avec quelqu’un. C’est vrai que ca fait quelques temps maintenant qu’on ne croise plus beaucoup de gros sac a dos. Il a fait une bonne partie de la traversée avec un ami, qui a dû rentrer à la moitié du parcours, donc ça fait un moment qu’il est tout seul.
Comme souvent, il nous demande d’où on vient. Nous sommes un peu réticents à répondre. Être parisiens à la montagne, ce n’est pas forcément bien vu, et on a déjà eu droit à des réactions de rejet affiché. Pourtant, on n’a pas l’impression d’avoir fait quoi que ce soit pour mériter ça, mais les préjugés ont parfois la vie dure. Alors cette fois, on lui demande plutôt pourquoi est-ce que ça l’intéresse, pourquoi veut-il nous mettre dans une case régionale. « C’est pour faire connaissance, voir s’il y a des endroits qui nous rapprochent. » C’est tellement évident comme réponse que je me sens un peu bête.
« Bon et sinon, quel est la première chose que vous mangerez en rentrant ? » nous demande-t-il sur le ton de la confidence. « De la soupe de maïs ! » nous nous exclamons en coeur. Il écarquille gros les yeux.
Nous finissons par nous séparer quelques kilomètres plus loin. La HRP continue plus proche de l’Espagne alors que nous poursuivons en France.
En début d’après-midi, nous faisons une petite pause à l’abri des arbres, près d’un ruisseau. Nous dévorons les sandwichs achetés le matin. C’est bon de manger autre chose que du pain et du fromage.
Nous avons déjà bien avancé aujourd’hui et on a fini notre étape – mais ce n’est plus nouveau, on va toujours plus loin que nos étapes prévues, désormais. Nous profitons de l’abri des arbres pour faire une petite sieste. L’endroit se prêterait bien à un bivouac, mais après une bonne heure de pause et une petite sieste, ça va mieux alors on remet les sacs sur le dos et c’est reparti.
A l’abri du soleil, sous les pins, ça sent bon l’été. On regagne peu à peu les montagnettes Catalanes, jusqu’au Pla de Cedelles qui culmine tout de même à plus de 1900m. Nous basculons dans une vallée, suivant le chemin qui s’enfonce dans les creux des montagnes. Il y a de beaux sommets au loin, ça ragaillardi.
Les vaches nous accompagnent au son de leurs petites clochettes sur cette longue fin d’étape. De mignons petits veaux à peine nés se planquent entre leurs pattes.
Alors que les ombres commencent à s’étendre, nous atteignons le refuge non-gardé de l’Orri où nous espérons trouver une place pour la nuit. De nombreux campeurs dressent leurs tentes le long du chemin – c’est peut-être un signe que la cabane est pleine. Nous allons tout de même voir. Miracle, il n’y a strictement personne et aucune affaire présageant d’autres visiteurs. Pas de traces du vacher non plus, qui loge juste à côté.
Prudents, nous posons simplement nos sacs et préparons la popotte, à l’abri du vent glacé, dans un petit renfoncement de la cabane. Nous dînons tranquillement en regardant vagabonder les vaches. Leur gardien finit par arriver, avec ses chiens, et nous adresse à peine un regard. Il doit en voir passer de toutes sortes, des randonneurs.
Son chien de berger se montre très joueur. Nous nous amusons de son enthousiasme en lui lançant des bâtons et des pommes de pins, mais le vacher nous arrête rapidement. En fait plus on joue avec un chien de berger quand il est petit, et plus il faudra jouer avec lui en grandissant, sinon il va s’ennuyer. Donc vaut mieux ne pas trop le stimuler…
Puisque personne ne semble vouloir venir s’installer dans la cabane et que nous n’avons pas l’air de déranger le vacher, nous déplions les matelas et les duvets pour nous enfouir rapidement au chaud, l’un contre l’autre, dans le calme des quatre murs.
Mardi 23 aout – Jour 65
31,22km / 1790m D+ / 2432m D-
Au petit matin, les vaches reprennent peu à peu leur concerto de clochettes, sonnant l’heure du réveil. Nous émergeons, endoloris. S’affairer pour remplir les sacs nous réchauffe un peu. Dehors, nous sommes encore plongés dans l’ombre des montagnes. J’ai de plus en plus de mal à manger le matin – le muesli est si sec que ça m’écœure. Je croque plutôt une barre de céréale, entamant mon stock de la journée. Devant la cabane, le petit groupe qui dormait dans les tentes se regroupe peu à peu autour de leur petit-déjeuner. Ils ont l’air plus ou moins frigorifiés mais leur enthousiasme est intacte. Nous leur souhaitons une bonne journée et commençons la nôtre sans tarder.
Nous partons sans trop savoir jusqu’où on va aller. Aujourd’hui on vise Py. Et peut-être demain le Canigou ? On a une fenêtre météo, mais les distances jusque là-bas sont improbables. Je préfère ne pas y penser. Grâce à notre minutieuse préparation, on peut se permettre d’interpréter les étapes prévues comme il nous chante et d’improviser au fur et à mesure si besoin.
Le soleil s’élève avec nous. Un pas après l’autre, nous avalons les kilomètres. Peu avant le Coll Mitjà, nous rencontrons un policier de la montagne, avec son sac sur le dos comme un bon randonneur, faisant sa tournée de contrôle, guettant entre autres les feux de camps sauvages.
Nous redescendons jusqu’au refuge du Ras de la Carança. C’est une piste de caillou interminable que l’on arrive à couper à travers les hautes herbes, dans ce qui doit être un vestige ou un sentier pas fini. On prend un café, dans lequel je peux plonger ma ration de muesli de la matinée. Je suis à court d’énergie, comme tous les jours, et pourtant j’avance, comme tous les jours. Je n’ose plus trop regarder ce qu’il nous reste à faire, combien de kilomètres à monter ou à descendre, je laisse le soin à Florian de gérer l’étape pour me concentrer sur une chose : avancer. Et profiter un peu des paysages aussi !
Il nous faut encore monter jusqu’au coll del Pal, avant d’entamer une longue et interminable descente jusqu’au village de Mantet.
Au col nous attendait une surprise de taille.
Bleue, diffuse, presque fondue dans le ciel. Nous plissons les yeux pour bien la discerner. La découverte nous laisse ébahis. Au soixante-cinquième jour de traversée nous l’avons enfin aperçue. La mer.
Nous ne nous attendions pas du tout à la voir déjà, et c’est dans un état euphorique que nous entamons la descente. Plus rien ne pourra nous arrêter maintenant ! La mer est à nous !
Mais encore faut-il aller jusqu’à Mantet. On voit le village, là-bas, au fond de la vallée, se rapprocher petit à petit. Bien trop lentement à mon goût. Le chemin serpente entre les arbres, les bosquets de genévriers et les hautes herbes sèches. Le village grossit petit à petit. Arrivés en bas, il faut encore remonter un peu de dénivelé avant d’atteindre les petites ruelles pavées. Avons-nous déjeuné en route ? Je ne me souviens plus. Mais en tout cas, il est l’heure du goûter et le bar de la ville nous accueille chaleureusement. C’est le maire en personne qui nous sert des rafraîchissements et de délicieux paninis locaux. L’ambiance de l’après-midi est paisible, d’autres randonneurs passent par-là, on discute. Je réalise avec peine que, ça y est, on a vu la mer.
Je me répète souvent que l’essentiel, c’est l’endurance et pas la vitesse. C’est en pensant à cela que je monte lentement mais sûrement jusqu’au coll de Mantet. Le fromage du panini coule dans mes veines, ainsi que cette délicieuse petite glace au chocolat au lait de brebis. Je parle beaucoup de nourriture… Je n’avais jamais réalisé à quel point c’est un carburant essentiel pour le corps et à quelle vitesse on peut manquer d’énergie sans apport calorique. J’en viens à regretter de ne pas avoir fait un peu plus de gras avant de partir, ça ne m’aurait pas fait de mal.
Nous arrivons à Py à 18h passé. Nous ne nous arrêtons dans le petit parc apprêté pour le bivouac que pour remplir nos gourdes, alors que je brûle de m’arrêter là. Les petites tentes déjà montées prouvent que l’heure est correcte pour monter le camp.
Quand nous repartons, j’en ai les larmes aux yeux. Mon corps souffre tout entier. Je serre fort les dents et j’essaye de respirer profondément pour me calmer. La fenêtre météo se confirme pour demain pour le Canigou, le sur-lendemain il est prévu de la pluie, mauvaise idée dans une cheminée à escalader. Donc si on veut grimper notre dernier sommet de la traversée et profiter d’une vue exceptionnelle sur la mer, c’est demain ou jamais.
J’ai beau serrer les dents et faire de mon mieux, les larmes roulent sur les joues. En fait, je ne pleure même pas de souffrance. Je pleure d’angoisse à l’idée de la difficulté du jour suivant. Pourtant je sais que trop anticiper c’est vivre le calvaire deux fois, je m’en rends bien compte. Florian essaye de me remettre sur les rails : « Pourquoi tu angoisses d’avoir mal ou d’être fatiguée ? Tu as déjà mal et tu es déjà fatiguée ». « J’ai peur que ce soit encore pire » je murmure, mais je sais qu’il a raison. Et il me rassure en me disant « c’est notre dernière folie, après tu seras tranquille ! »
Alors je prie Florian d’ignorer mon état de faiblesse tandis que je me traîne pitoyablement derrière lui, dans une ultime montée au coll de Jou, où une petite place de bivouac nous attend sagement.
Le soleil passe derrière les montagnes. La journée a été si longue que je ne me rappelle même pas d’où nous sommes partis.
Florian monte la tente, je prépare le dîner. Assise par terre, pieds nus, je touille la soupe en contemplant les montagnes alentours et le ciel rose. Que c’est beau. Je pourrais avoir l’impression de flotter dans ce paysage si mon corps n’était pas si douloureux. Je rêve d’un corps tout neuf et tout frais, prêt à reprendre le chemin. D’une nuit sans douleurs et sans rêves agités. Mais c’est la nature et l’aventure, et je suis prête à payer ce prix pour aller jusqu’au bout. En fait, une fois arrêtée et posée, je regagne un peu de sérénité et de distance vis-à-vis de l’état dans lequel se trouve mon corps. Pas de panique, il est costaud, tu en prends soin (avec plein de crêpes et de snickers ?). Tout ira bien. Fais de ton mieux.
Mercredi 24 aout – Jour 66
18,64km / 1699m D+ / 667m D-
Réveil matinal. Direction le refuge des Mariailles. Notre niveau d’eau est correct malgré l’absence de source au bivouac, mais il faudra faire le plein rapidement.
Nous montons tranquillement dans la forêt. Le chemin partage le passage avec une rigole d’eau. C’est très mignon. Nous doublons deux traileurs espagnols qui ne s’attendaient pas à se faire dépasser aussi sauvagement par des randonneurs plus chargés, mais ils n’ont clairement pas tenu le coup dans la montée ! C’est là qu’on voit qu’on a pris pas mal de bouteille.
Le refuge est super tranquille, les cohortes de randonneurs étant déjà parties. Nous nous ravitaillons en snickers et en café. Nous remplissons nos bouteilles, et un tour aux toilettes plus tard nous revoilà en route.
Nous sommes un peu en retard. Il est aux alentours de 10h, il ne va pas falloir traîner pour arriver au sommet et redescendre avant que le temps ne se couvre. Pour l’instant, il fait grand soleil.
Nous voilà parti à l’assaut du Canigou, dernier bastion de la haute montagne avant la mer. Il s’élève discrètement au milieu des montagnettes, on a du mal à discerner exactement son sommet.
Les bois se transforment rapidement en champs d’herbes sèches. Plus nous nous rapprochons, plus la rocaille prend ses aises. Et il y a aussi de plus en plus de monde.
J’avance par automatisme. Le soleil me tape sur la tête. J’ignore comment je suis encore capable de me porter. Nous arrivons au pied de la cheminée, et c’est très rigolo de monter là-haut avec les mains. Florian s’éclate tandis que je fais preuve de prudence pour ne pas faire de faux pas.
Nous arrivons au sommet vers 14h. Nous sommes dans les temps.
La vue sur la mer est fantastique, tout comme les vastes villes qui s’étendent dans les plaines. Ça y est, il me semble que nous y sommes déjà, les pieds dans l’eau. Enfin, presque. Nous grignotons au sommet, et je n’arrive pas à savoir si je ressens du soulagement ou de la crainte d’arriver au bout de ce périple, de redécouvrir une vie faite d’autres choses que de manger, marcher, dormir, profiter de la nature et avoir mal aux pieds.
Pour l’instant mon cerveau est très court-termiste et pense surtout qu’il y a encore beaucoup de kilomètres avant d’arriver au bout et qu’il faudrait déjà finir l’étape du jour. Malgré le déjeuner, je me sens vidée de mes forces. Florian bondit partout comme un cabri, et je vois bien qu’il a envie d’aller faire la crête du Barbet, en face. J’ai les larmes qui me montent aux yeux rien que de penser à faire demi-tour et devoir remonter encore. Mon corps est un vaste champ de souffrance et je n’aspire qu’à redescendre et me poser. Ou bien rester assise ici, pour toujours, à contempler la mer sans jamais l’atteindre.
Florian a bien pensé à aller seul faire la crête et qu’on se rejoigne en bas mais je ne suis pas sereine… Je sais qu’on est prudent mais un accident est si vite arrivé… Il accepte finalement qu’on continue par l’itinéraire prévu sans détour. C’est une victoire bien amère car je sais à quel point il aime ça, mais je ne me sens vraiment pas le courage d’affronter mon vertige ni le surplus de dénivelé.
On redescend jusqu’au refuge des Cortalets, dans les cailloux et la poussière, sous le soleil de l’après-midi. On croise moult randonneurs qui sont simplement en basket, certains n’ont même pas de sac à dos et donc pas d’eau. C’est un peu inconscient tout de même…
On comprend un peu mieux en arrivant au refuge, véritable bar-restaurant, presque un hôtel. Nous commençons par remplir nos gourdes, et puisque le soleil tape encore, je me lance dans une lessive de chaussettes. Il faut que je m’y reprenne à 5 ou 6 rinçages et frottages intensifs pour que l’eau en ressorte à peu près claire !
Nous nous lavons légèrement, à l’écart de la population locale. Je n’ai pas envie de repartir. J’ai envie de prendre un peu de repos, d’essayer d’évacuer toute cette tension et cet inconfort que je ressens. Mes genoux en compote, mes pieds meurtris. Je suis contente de pouvoir les mettre dans la bassine d’eau.
Malgré les réticences de Flo à s’approcher de cet espèce de machine à cash qui sert de refuge (et je le comprend) nous nous installons non loin pour boire un coup et manger quelques chips. Encore un refuge qui prend la carte bleue … !
L’après-midi se termine doucement mais sûrement et nous partons planter la tente autour du refuge. Je m’en veux un peu d’infliger ça à Flo, il aimerait aller plus loin. Mais le prochain spot de bivouac sûr est à des kilomètres… Donc on vagabonde au milieu des places à feu qui pullulent aux abords du refuge, jusqu’à trouver un petit coin tranquille où s’installer au milieu des pins et assez loin des fourmilières.
Le soleil se couche, et nous allons voir les lumières des villes s’allumer dans la vallée. C’est un décor nouveau, on n’a jamais eu d’aussi grosses agglomérations visibles depuis la montage la nuit.
Jeudi 25 aout – Jour 67
29,13km / 485m D+ / 2238m D-
Au réveil ce matin, il pleuviote. Nous somnolons au fond de nos duvets en attendant que ça passe. Puis dès que ça s’arrête, on remballe les affaires, petite machine bien ordonnée. Petit saut au refuge remplir les bouteilles et prendre du petit déjeuner. Il y a des pains au chocolat et ils sont même moins chers que les parisiens.
C’est parti pour une journée qui promet d’être bien longue. On pourrait aller jusqu’à Arles-Sur-Tech.
Le GR a changé par rapport à notre trace. Qu’à cela ne tienne, c’est un chemin à flanc de falaise, presque plat, qui se déroule tout seul. Ça y est, le Pic du Canigou terminé, on va laisser la haute montagne derrière nous.
Je ne sais plus exactement ce qui s’est passé à ce moment-là. Je me suis mis à être très fâchée contre Florian. Je crois qu’il était mécontent qu’on soit parti si tard le matin (10h, presque 11h).
Furieuse, je marche devant et comme une fusée – c’est facile, c’est plat.
Je donne le meilleur de moi-même et ce n’est jamais assez, j’ai beau avancer et poursuivre malgré ma fatigue, mes douleurs, j’ai toujours l’impression d’être un boulet. Ça ne suffit pas que je sois fière de moi, il faudrait que lui le soit, et me le montrer à la hauteur du mal que je me donne ? Tout ça pour rassasier mes petits démons intérieurs…
Ça va sans dire, mais je suis en bad complet.
Après presque deux heures à tracer comme une flèche, nous ralentissons un peu le rythme. Il va falloir que je mange bientôt, je ne peux tout simplement pas filer comme ça impunément pendant des heures. Cette course folle a un peu apaisé mon âme. J’arrive à me détendre.
Nous arrivons au gîte de Batera, installé dans d’anciens bâtiments de mineurs restaurés. Nous y grignotons un gâteau. L’ambiance est curieuse. Ça sent la fin de saison, c’est très calme, et c’est à peine si le gérant nous a accordé un regard quand nous sommes arrivés.
Il y a eu de longues descentes difficiles sur ce GR10, où nous avons avalé des centaines de mètres de dénivelé. Mais dans les Pyrénées-Orientales nous avons découvert un nouveau type de difficulté : le plat. C’est terriblement pénible, le plat. Surtout quand il n’y a rien à voir, sur une piste forestière toute plate, poussiéreuse et dure sous les genoux, bordée d’arbres bouchant la vue. Ça n’en finit pas, le compteur défile lentement, kilomètre après kilomètre. Malgré cela, nous sommes bien partis pour atteindre Arles-Sur-Tech.
Il est 18h passé quand nous débarquons en ville, épuisés. Nous espérions passer la nuit à l’hôtel pour se requinquer mais il est fermé. Pour couronner le tout, la pluie commence à tomber. Nous faisons quelques courses au Spar, avant qu’il ne ferme, et on se dirige vers le camping, en passant entre les gouttes.
Nous y rencontrons quelques uns des derniers GRdistes de notre parcours. L’un d’eux s’est blessé, alors il attend quelques jours avant de terminer la traversée. Il nous dit : « il n’y a presque plus de randonneurs ici. Il n’y a que les tarés qui font la traversée en entier qui se font chier à venir là ». Je comprends, les derniers jours sont vraiment durs. Le paysage n’a plus grand-chose de la haute montagne, il y a du plat et des tronçons de route interminable. Il faut tenir le coup. C’est bientôt fini.
Nous décidons de rester là le lendemain pour nous reposer. Ensuite il nous reste 4 jours de marche, en théorie, pour aller jusqu’à Banyuls. Ce sera la dernière traite, cette fois, c’est sûr. Bien que l’on se rapproche de la mer, il n’en reste pas moins de beaux dénivelés à avaler, entre deux plateaux.
Vendredi 26 aout – Jour 68
Repos
On n’a pas beaucoup bougé du camping aujourd’hui. Au menu, lessives, repos, manger, repos, douches, repos, manger, dodo. On n’a pas la force pour faire beaucoup d’autres choses. On n’a pas revu l’autre randonneur blessé aujourd’hui.
Par contre on a discuté avec un autre GRdiste qui allait rentrer sans finir, les genoux trop douloureux pour continuer. Ça m’arrive souvent d’avoir envie de me retrouver dans le corps des autres personnes pour comparer nos seuils de tolérance. Mes genoux douloureux sont un peu devenus une partie de moi-même désormais. Il n’y a pas une journée et pas une nuit sans qu’ils ne me fassent mal. Pareil pour mes pieds.
Alors ce bonhomme costaud qui arrête à moins d’une centaine de kilomètre de la fin, qu’est-ce qu’il ressent pour arrêter là ?
Samedi 27 aout – Jour 69
31,05km / 1910m D+ / 1631m D- 🌈
Allez, il est temps de croquer à pleine dent ce dernier tronçon de GR10 !
Nous traversons de nouveau Arles-Sur-Tech pour reprendre le sentier. La journée commence avec une belle ascension comme on les aime.
Il va faire chaud aujourd’hui. Heureusement, nous montons à l’ombre des pins. Le chemin est sans fin mais nous avançons d’un pas sûr et régulier. Nous avalons les kilomètres et le dénivelé peu à peu. On passe devant l’écogîte de la Palette, auquel j’espérais pouvoir passer car ça avait l’air d’être un repaire de bons hippies végétariens. Mais visiblement il a été repris, et les nouveaux proprios ont ostensiblement indiqué : « accès autorisé seulement avec une nuitée ». Nous passons notre chemin en soupirant sur notre soda manqué.
Nous suons à grosse goutte toute la montée jusqu’au Coll Cerda. On croise quelques haciendas. Une petite place centrale, déserte et poussiéreuse, avec quelques cactus en pot dans les coins, ressemble à un décor de théâtre attendant qu’il s’y passe quelque chose. Nous croisons d’autres randonneurs aux gros sacs à dos, qu’on double ardemment. Nos visages ruisselants de sueurs représentent bien notre capacité à l’effort. On avance comme des bourrins, forts des paninis et des tapas au fromage qu’on a mangé la veille au camping.
Nous arrivons au Roc de France et nous nous arrêtons pour grignoter une barre de céréale en contemplant le paysage, perchés sur des cailloux.
A ce moment-là, deux randonneurs, un homme et un ado, croulant sous leurs énormes sacs à dos, passent près de nous. Ils nous tirent de notre petite bulle à tous les deux, nous échangeons quelques mots et quelques conseils.
Ils sont sidérés d’apprendre que nous sommes en train de terminer le GR10, surtout parce que nous avons des sacs à dos ridiculement petit par rapport à eux. Lorsque nous leur apprenons que nous sommes partis de Arles-Sur-Tech le matin même, la mâchoire du gamin semble sur le point de se décrocher. « Nous sommes partis de Arles il y a deux jours ! C’est notre troisième jour de marche ! » s’écrit-il. Des étoiles brillent dans ses yeux. Alors quand nous leur disons que nous visons Las Illas comme fin d’étape, il manque de tomber à la renverse. Eux vont jusqu’au refuge des Salines à une poignée de kilomètres et ne sont pas sûrs d’y arriver, tandis qu’il nous en reste une dizaine.
Nous ne tardons pas à repartir, regonflés à bloc dans notre ego par cette conversation. Cet échange me fais repenser aux Salines, où je suis venue avec ma maman au mois d’Avril en début d’année. J’ai un élan de nostalgie pour ces quelques jours où nous étions toutes les deux à faire de la randonnée et à aller au spa le soir, se faire masser, manger des bons petits plats au restaurant et dormir dans un lit douillet. J’ai l’impression que c’était dans une autre vie.
Nos réserves d’eau baissent vite. Pas d’autres choix que d’avancer pour trouver une source. Nous descendons vers Las Illas. Nous faisons la connaissance du « Pou de la Neu » ou « Puits à glace » en langage intelligible.
Il nous fait bien rire, à base de jeux de mots discutables à base de « aaaah tu pou de la neu, berk ! ».
Encore une descente, alternant du plat et de la route interminable jusqu’au hameau de Las Illas. Nous faisons le plein d’eau, assoiffés, à la première source que nous croisons près de la hacienda la Selva, à côté de vaches rebelles qui se baladent sur la route forestière.
La douceur de l’eau est salvatrice. Tandis que nous dévorons du pain et du fromage – il est 16h et nous n’avons mangé rien d’autre que des barres de céréales – je trempe mes pieds dans la bassine d’eau, mon petit plaisir. Quel soulagement.
La dernière heure de marche jusqu’à Las Illas est longue, comme toujours avec la dernière heure de la journée.
Nous atteignons le petit hameau, dans lequel une aire de bivouac est prévue dans un jardin public, avec terrain plat, tables de pique-niques et des sanitaires un peu plus loin. Des tentes sont déjà montées mais personne aux alentours. Ils doivent avoir trouvé un bar. Nous montons la tente sans plus de cérémonies. Nous mangeons sur les tables de pique-niques, piquant presque du nez dans nos bols. La journée a été intense mais nous avons avancé à pas de géants en faisant une étape et demie.
Le jour tombe et alors que nous nous glissons dans nos duvets, on entend les autres randonneurs revenir et s’étonner de trouver une nouvelle tente. Il est trop tard pour faire connaissance, et de toute façon demain nous serons loin d’eux déjà.
Dimanche 28 Aout – Jour 70
29,98km / 1395m D+ / 898m D-
On se lève de bonne heure aujourd’hui, motivés par la fin qui approche. On remballe la tente et je prends mon premier petit déj au pain et au lait concentré sucré, plutôt que le muesli sec habituel. Ça passe beaucoup mieux. On part sans trop tarder, dans la relative fraicheur du matin, en saluant les randonneurs qui finissent de ranger leurs affaires. Le trajet d’aujourd’hui commence par une bonne portion de route. C’est loin d’être passionnant. Flo met même un peu de musique pour nous aider à passer le temps. C’est la première fois en deux mois qu’on écoute de la musique en marchant.
La route fait place à une piste forestière. On croise deux VTTistes dont on jalouse les vélos dans la descente. Ce serait bien plus rapide !
Nous croisons encore une GRdiste. On discute rapidement, le blabla habituel : « tu viens d’où, tu vas où, t’es parti depuis combien de temps », … J’imagine que quand tu croises rarement de nouvelles têtes ces discussions ont du sens mais nous qui traçons tous les groupes depuis des jours, ça sonne très superficiel. On ne s’attarde pas et on poursuit devant, direction la mer. Pas le temps de niaiser.
Le GR10 passe près du Fort de Bellegarde, qu’on aperçoit dominant le paysage sur sa butte.
On le contourne pour rejoindre le Perthus, grosse ville frontalière de l’Espagne. J’étais aussi passée ici avec ma maman en avril, ça me fait tout drôle de me dire que cette fois, je suis arrivée ici à pied.
Il est bientôt midi et nous profitons de notre passage en ville pour aller manger dans une super pizzeria, à tout juste 11h30. En terrasse, à l’ombre, les pieds à l’air et dans le ronronnement de la ville, l’ambiance est chaleureuse, quoiqu’un peu trop bétonnée à mon goût.
On engloutit bien volontiers nos pizzas avant de repartir à l’assaut des dernières montagnes sous le soleil cuisant. Le repas pèse bien lourd dans nos estomacs. C’est encore une journée de canicule et il n’y a pas beaucoup d’ombre dans la montée en repartant du Perthus. J’ai l’impression de fondre comme une guimauve au soleil.
Nous progressons avec lassitude sur les chemins forestiers. Une fois les grosses côtes passées, le plat est terriblement ennuyant. Lorsque nous reprenons des petits sentiers, c’est comme revenir un peu à la vie, tout de suite le trajet reprend de l’intérêt. Les premiers chênes-lièges font leur apparition. J’adore l’aspect de ces arbres, et encore plus quand ils sont déshabillés jusqu’à ce qu’on puisse voir leur cœur d’un bordeaux profond. Cela témoigne de leur exploitation et de leur dépeçage scrupuleux d’année en année, ce qui est un peu moins joli.
Nouvelle pause au Coll de l’Ullat où nous remplissons – encore – nos estomacs de crêpes. Encore une dernière montée pour arriver au Puig Neulos, dernier « sommet » à 1256m avant la mer. Aujourd’hui on va jusqu’à la cabane de la Tanyareda, et on terminera la traversée demain.
Dernière montée dans les forêts de pin avant de se retrouver sur le plateau herbeux sommital. Il y a une base militaire qui cache un peu la vue sur la mer, mais qui n’entache pas la joie d’arriver au sommet. D’autant qu’un tout petit peu plus bas, les petits panneaux jaunes accompagnant notre marche depuis plus de 1000km indiquent enfin « Banyuls-sur-mer ». J’ai l’impression de défaillir. Ça y est, la fin approche, vraiment. Nous nous précipitons sur elle.
Nous filons sur le sentier pour terminer la journée à la cabane de la Tanyareda, sans oublier de se ravitailler en eau sur le chemin, dans ce désert de la fin du mois d’Aout.
A la cabane, il n’y a pour l’instant qu’une autre randonneuse. On s’installe sommairement sur le bas-flanc avant de sortir profiter des derniers rayons du soleil et manger. Le timing est un peu trop parfait avec la cartouche de gaz, qui se vide en faisant chauffer notre dernière soupe à l’oignon du trajet.
Un petit groupe de trois jeunes s’installent également dans la cabane. Ils sont là pour le week-end et s’entraînent à quelque chose, faire les militaires peut-être… En tout cas il y en a un qui s’est fait de belles ampoules. Nous leur filons nos compeed, on en aura plus besoin.
Tandis qu’ils mangent dehors, dans la nuit tombante, Flo et moi nous glissons dans nos duvets. C’est la dernière fois … !
J’ai hâte d’arriver et de mettre les pieds dans la mer. J’ai hâte de retrouver un bon lit douillet. Ça va sans doute être facile de revenir à une vie confortable mais j’espère qu’on saura en être reconnaissant. J’ai vraiment été surprise de voir à quel point il faut peu de choses pour pouvoir constituer son petit cocon protecteur après une journée difficile. Et je n’aurais jamais imaginé pouvoir supporter si peu de confort aussi longtemps. Et pourtant.
Un dernier randonneur choisit le moment où nous essayons de nous endormir pour venir s’installer. Il fait un boucan pas possible en farfouillant dans son sac. Les moustiques se joignent à la partie. Les gamins courent dehors et font trembler le sol avec leurs grosses chaussures. C’en est trop pour Florian qui décide d’aller monter la tente plus loin. La tête dans le cul mais autant incapable de dormir que lui, je le suis avec reconnaissance – de moi-même je n’aurais pas su m’extirper de là.
Malgré la nuit noire, en une dizaine de minutes la tente est montée, sur le sommet de la butte abritant la cabane. De là, nous découvrons une belle vue sur les villes illuminées en contrebas. Derrière nous, les montagnes espagnoles sont zébrées d’éclairs rouges qui pourfendent le ciel dans un grondement lointain. Je me sens tout de suite bien mieux ici, à contempler le lointain orage, que tassée dans cette cabane avec tous ces gens bruyants. C’est une meilleure fin, pour cette aventure.
Nous nous glissons dans la tente, notre petit chez nous, notre maison, avec contentement. C’est fou comme il en faut peu pour se sentir chez soi, pour se sentir bien. Je le savais déjà mais, pour moi, être avec Florian c’est être à la maison.
Nous nous endormons paisiblement.
Lundi 29 aout – Jour 71
22,43km / 469 D+ / 1475 D-
J’ai beau être excitée à l’idée d’arriver, le corps a toujours ses deux mois de marche dans les pattes. La fatigue corporelle et la lassitude ne me fond pas de cadeaux, même le dernier jour. Le soleil non plus.
Nous bouclons nos 20 derniers kilomètres en 4h30.
Quelle satisfaction que de croiser des GRdistes qui viennent de commencer et pouvoir leur dire qu’on fait nos derniers kilomètres ! Je crois qu’ils ne se rendent pas trop compte de ce que ça signifie, ils n’ont pas encore eu le temps de souffrir.
Arrivés à Banyuls vers 13h.
Il fait beau, il fait chaud. Nous venons d’accomplir l’exploit de notre vie, et nous contemplons la petite ville qui vit sa routine comme si de rien n’était.
Nous rejoignons la plage. On n’enfouira pas nos pieds meurtris dans le sable car ce sont des galets qui nous accueillent, mais peu importe, la mer est bien là elle. Ainsi que la plaque symbolique du GR10 devant la mairie.
Difficile de réaliser que ça y est, c’est terminé.
Les pieds encore douloureux, tout sales et poisseux, nous nous réfugions dans les ruelles pour dévorer un burger avant de se rendre à l’hôtel où nous avons rendez-vous avec une douche, un lit, un toit – mais pas encore de vêtements propres.
Dimanche 30 aout
Et voilà, la traversée des Pyrénées c’est fini. 1100km, 2 mois et 9 jours de voyage. Ça a été dur jusqu’au bout.
Maman nous rejoint bientôt.
Nous fêtons notre traversée avec elle en ouvrant une bouteille de champagne, sous les étoiles, au bord de la plage.
Heureux, fatigués. Remplis mais vides. C’est une page qui se tourne, peut-être même un livre qui se ferme. Que devient-on après une aventure pareille ? Comment pourra-t-on retourner à la vie normale ? Passer la journée assis sur une chaise, derrière son bureau, à regarder le béton derrière la fenêtre… Je n’ose pas y penser.
Oublier. Profiter du moment. De ce qu’on a appris, vu, senti, ressenti. Le reste viendra plus tard.
– Fin de la Traversée des Pyrénées –
🌻 Le mot de la fin
Merci infiniment d’avoir suivi cette aventure avec nous.
J’espère que notre récit vous aura fait voyager, rêver, et peut-être sourire ou grincer des dents avec nous !
Vos retours sont précieux, si vous avez aimé votre lecture vous pouvez nous laisser quelques mots en commentaires pour nous faire part de vos impressions ! 😊
La Traversée des Pyrénées, c’est 3 mois de voyage, mais 6 aussi mois de préparation, et encore 1 an et demi derrière pour écrire et ensuite publier ce récit. De septembre 2021 à décembre 2023, bien des choses se sont passées, nous avons bien changés, Florian et moi. Ce blog est apparu, dans le sillage de nos projets fous, comme celui de partir vivre en voilier d’ici 2026.
J’espère que vous aurez plaisir à continuer de nous suivre dans nos périples.
Je vous souhaite plein de bonheur et d’aventures.
Mathilde