Stage Croisière niveau 3 – Conduite Manœuvre
Vie à terre sur l’île d’Arz, bateau Surprise
🗓️ du 23 au 29 décembre 2024 (7j)
Samedi 23 décembre
Pour Florian et moi, les vacances d’hiver commencent à 7h à Paris Montparnasse. C’est fatigués, mais contents d’aller faire de la voile, que nous nous laissons emporter par le TGV vers la côte bretonne. Ça fait depuis le mois de mai que nous ne sommes pas montés sur un bateau, et ça nous manque. D’autant que ce stage marque notre premier anniversaire de voile ! Cela fait un an maintenant que nous avons commencé à pratiquer cette activité fantastique dont nous ne savions rien.
Nous arrivons dans la jolie ville de Vannes à 11h. Pas le temps de faire du tourisme, nous marchons d’un bon pas à travers la ville fortifiée pour rejoindre la gare maritime et le bateau-bus qui part à 11h45. Le temps est doux, un peu de nuage, un peu de pluie, un peu de soleil, si bien qu’en arrivant dans le bateau, nous retirons une couche de vêtements. Installés à l’air libre, nous profitons de l’air frais breton. On ne se croirait pas en décembre. L’année dernière, à cette période, on se gelait le derrière.
Malgré notre oeil attentif, nous ne décelons pas encore d’autres stagiaires glénans à bord. À croire que nous sommes en avance… le doute s’immisce et après une petite vérification des infos du stage, il s’avère que nous avons rendez-vous à 15h30, et pas 13h30 comme je le croyais ! Oups…
Ce contretemps nous laisse tout le loisir de faire une petite promenade sur l’île d’Arz ainsi qu’un pique-nique au bord de la mer. Nous terminons par une sieste, empilés l’un sur l’autre sur un banc, à récupérer nos heures de sommeil matinales.
A l’heure voulue, nous débarquons à la base, les yeux encore papillonnant de fatigue. Nous sommes accueillis par une odeur de café et des petits gâteaux, ainsi que leurs préparateurs bienveillants, les deux Maitres de Maison du stage. Ce sont eux qui veilleront à ce que nous nous nourrissions correctement pendant une semaine. Les autres stagiaires arrivent au compte-goutte. Nous serons en petit comité sur la base, une trentaine en tout, en comptant les moniteurs et les animateurs. La grande salle du réfectoire se remplit timidement du bruit des conversations.
Après un rapide debrief du « chef » de la base, nous faisons connaissance avec notre groupe. Nous serons quatre stagiaires sous la houlette de notre moniteur. L’une des membres de notre groupe a du retard dans ses transports et devrait arriver demain. Ce qui nous laisse à trois pour l’instant, Flo, moi et Max, le 3ème larron de notre petite bande.
L’heure file et j’étais persuadée que nous n’irions pas sur l’eau aujourd’hui mais les Glénans, fidèles à leurs habitudes, tiennent à ce que nous soyons mouillés dès les premiers instants. Ainsi, après avoir rapidement déposé nos affaires dans les chambres et récupéré les cirés, les voiles et tout le tralala, nous sautons dans la pram (petite barque à moteur) pour aller découvrir le petit voilier sur lequel nous allons jouer pendant une semaine.
C’est un Surprise, et plus exactement « La Mauvaise », de son nom. Je vous passe toutes les blagues qu’on peut faire avec.
C’est un petit habitable, un peu plus grand que les 5.7 tout de même. Il fait 7m je crois. Il a des tout petits winchs très mignons, et une barre franche. En une heure nous en faisons le tour, ainsi qu’une récap des règles de sécurité.
Nous voilà parés.
Nous retournons à terre sous un petit crachin. L’ambiance est joyeuse.
Après le dîner, chaque groupe remplit sa fiche d’attente pour le stage. Moi j’ai envie de pratiquer, de faire un peu de tout, et si possible du spi car on en a pas beaucoup fait jusque là. Florian voudrait approfondir les réglages de voile, et puis pratiquer aussi. Max voudrait réussir à avoir une pratique plus fluide. Notre mono aimerait faire de la régate. Je grimace en disant qu’on finit toujours pas me crier dessus quand c’est la course et que je déteste ça. Mais bon je veux bien me prêter au jeu, s’ils ne le prennent pas trop au sérieux…
Dimanche 24 décembre
Une belle journée de voile qui s’annonce sous un bon vent.
Petit-déj à 8h et départ pour la cale à 9h20. Florian et moi trépignons d’impatience dans nos brassières.
Premiers virements de bord, premiers réglages de voile, plutôt grossiers, avec les penons du bas de la voile d’avant. Nous prenons nos repères petit à petit. Nous remontons le plan d’eau en essayant de prendre nos repères à terre. Ici, la maison blanche aux volets bleus. Là, le clocher de l’église. Ou encore la perche rouge de la cale.
Arrivés au vent de la zone de navigation, nous redescendons au grand largue, avec quelques empannages pour se mettre dans le bain (mais sans se mettre à l’eau, hein). Malgré qu’on ne soit que 4 à bord, je trouve la circulation un peu compliquée sur le bateau, on se marche les uns sur les autres.
Le grand moment arrive vite, celui où on doit stationner le bateau au coffre. Pas de moteur sur les Surprise, tout se fait à la voile. Et autant dire que le premier jour, ça n’est pas très glorieux !
On passe chacun notre tour à la barre, confus dans la marche à suivre, frôlant le coffre et les autres bateaux de façon plus ou moins maîtrisée. Après avoir tous loupé un coup, même le mono ! la faim se fait plus forte et nous réussissons à nous agripper aux haussières et à amarrer le bateau.
Le déjeuner préparé par la première bordée nous attend bien sagement au réfectoire. Les échanges enthousiastes fusent autour des tables. Nous échangeons nos programmes respectifs, découvrons nos vies. Il y a plusieurs groupes de niveau, les voiles 1 qui découvrent complètement (comme nous l’année dernière), les voiles 2 qui consolident les bases, et nous les voiles 3 qui approfondissons nos connaissances.
La 4ème stagiaire de notre groupe ne viendra pas en fin de compte, coincée à Rennes par les transports et un gros rhume.
L’après-midi est consacrée au positionnement sur le bateau: où se mettre pendant les virement de bords, se poster au rappel pour réguler l’assiette du bateau. Puis on passe sur du vent arrière, en ciseau, pour commencer à introduire les sensations du spi. Au moment de passer à la barre, je me suis trouvée complètement à côté de la plaque. Impossible de retrouver mes repères au vent, je ne sais plus de quel côté lofer ou abattre. Et en prime, je suis terrifiée à l’idée de faire un empannage sauvage. Tout est si rapide sur ce petit plan d’eau, à peine a-t-on empanné qu’il faut recommencer, et mon oreille interne semble être passé dans une essoreuse à salade ! Je ne sais plus comment, mais je finis par m’en sortir. Mon tour passe.
Vient le temps de retourner à terre. Nous refaisons des exercices de prise de coffre, et cette fois par un quelconque miracle, j’ai réussi ma manœuvre du premier coup ! J’ai du voler sa chance à Max, car ensuite il s’est raté deux fois, et c’est finalement notre mono qui a pris la barre pour rentrer car nous n’avions plus le temps. C’est le soir de Noël et notre compagnon ne veut pas manquer la messe de Noël donc nous le débarquons juste à temps.
Puis nous nous retrouvons un peu le cul entre deux chaises: trop tard pour repartir, trop tôt pour rentrer. Je peux palper la déception de Flo qui n’a pas pu repasser à la prise de coffre mais notre mono ne semble pas trop chaud pour refaire un tour. C’est finalement ma vessie qui aura raison du combat. Nous rangeons le bateau et, en fin de compte, nous nous retrouvons à terre en même temps que les autres.
Ce soir, c’est notre groupe qui est de bordée, pour le repas de Noël. Après une douche, et une petite pause contemplative à regarder les oiseaux se chamailler dans les arbres, nous rejoignons les cuisines un peu en avance, car il y a plein de petites choses à préparer pour le dîner. Quelques camarades viennent gentiment nous prêter main forte. Je fais le houmous pendant que Florian fait les toasts avec deux copines. Les autres coupent les légumes pour les plats de ce soir et demain midi. Le Maître de Maison en grand chef d’orchestre nous fournit les recettes, les ingrédients, le timing.
En parlant de timing, l’heure de l’apéro sonne. Autour d’un petit buffet, nous dégustons les délicieux toasts, les champignons fourrés au fromage, les bâtonnets de carotte plongés dans le houmous. Il y a du saumon, mais pas de foie gras à mon grand soulagement de végétarienne. Il fait chaud et gai dans le réfectoire qui résonne de nos rires et des « pschhhh » des bouteilles de bières ouvertes par le barman.
L’apéro est copieux, et le repas aussi. Un vrai Noël ! Tant et si bien que nous ne mangeons qu’un des trois gâteaux qui étaient prévus en dessert ! Il en restera pour les autres jours, miam.
Après le repas, vaisselle et nettoyage sont de rigueur, pour notre bordée. A 23h nous rejoignons nos lits, épuisés par cette journée riche en émotion.
Lundi 25 décembre
Réveil 7h30 pour la bordée. Il faut préparer les tables du petit déj, faire le gâteau pour le goûter, et terminer par le nettoyage des sanitaires. Les tâches sont bien réparties et tout le monde participe.
Puis notre journée de bateau commence. Ça va être un peu court ce matin puisqu’il faut être rentrés pour midi. Il est presque 10h déjà quand on monte à bord. On a récupéré le barman du séjour dans notre équipage. A 5 sur le Surprise, on est un peu à l’étroit ! Mais le temps est superbe, et le vent au poil. On partira sans ris, ça va bien gîter !
Aujourd’hui on a prévu de s’entraîner avec le spi. Premières explications au coffre. On grée le tangon, on met l’écoute et le bras à poste, premiers petits réglages et démonstration. Vient le moment de quitter le coffre. Je suis en numéro un, sur mon amarre, quand je vois filer un des nœuds d’écoute de la voile d’avant. Je me jette dessus pour le frapper de nouveau sur son point d’écoute, mais pendant ce temps l’amarre en profite pour filer, et le bateau avec… et on se retrouve à cogner contre un 5.7, le safran coincé dans leur coffre… Le mono de l’autre bateau a vraiment pas l’air content. Il faut batailler et utiliser les prams pour nous tirer de là. C’était un départ catastrophique !!
Mais nous voilà parti, nœuds d’écoute bien souqués. Premiers bords de près pour remonter dans notre zone de nav, le temps de reprendre un peu nos esprits. On se refait la chronologie pour l’envoi du spi. On abat en arrivant au vent de notre zone. On a un super bord de portant avec une belle distance à courir sous le vent pour envoyer notre spi.
Pour continuer dans notre mood du matin, ce premier envoi est complètement chaotique. La voile se coince, le tangon se coince, le bras tombe à l’eau et vient se coincer avec la quille, c’est la panique, ça tire de partout, on comprend rien, mais à force de remue-ménage et par un heureux hasard, nous finissons par gonfler la grande voile violette devant nous.
Nous descendons en quelques minutes ce qu’il nous a fallu un quart d’heure à remonter. C’est super rapide. Puis les cailloux approchent et il faut affaler. Ça se passe relativement bien comparé à l’envoi, RàS !
La matinée a passé à toute vitesse, comme prévu, et c’est déjà l’heure de rentrer pour préparer le déjeuner. Préparer la popote, couper les légumes pour le soir, laver, ranger, manger, faire la vaisselle… Nous nous octroyons une petite pause débrief avant de se remettre en route vers la cale. A 15h nous sommes de retour sur le bateau. Ça y est, la corvée de bordée est terminée pour la semaine !
Le démarrage de l’après-midi est moins laborieux cette fois, heureusement.
Nous continuons sur notre lancée avec le spi. Les galères continuent: balancine trop bordée, le spi part en cocotte, agitation pendant quelques minutes et puis on abandonne cet essai en voyant arriver les cailloux. Le 2ème essai est réussi cette fois. Je pense que c’était un peu de la chance. Cette fois, c’est l’affalage qui nous a mis mal, et il a fallu se mettre à la cape pour finir de le ranger, c’était tout emmêlé ! On en profite pour manger notre goûter, au soleil.
Malgré notre motivation pour refaire un tour de spi, l’heure avance et nous rentrons plutôt tranquillement au coffre.
Debrief et topo à 18h15, après une petite sieste. On analyse la journée, ce qui a foiré, les manoeuvres au spi, accompagnés d’une bière ou d’un Breizh Cola.
Ce soir c’est tartiflette. Ca y est je commence à avoir le mal de terre, quand on mange j’ai l’impression que la table tangue…
Les discussions vont bon train, mais la fatigue finit par l’emporter et tandis que les uns finissent leur debrief, les autres vont se coucher.
Mardi 26 décembre
Une bonne nuit de sommeil ça fait du bien. On s’est levé à 8h pour être à 8h05 au petit déj. Et à 9h20, on était près à partir.
On est juste 3 avec le mono aujourd’hui, ça va être intense ! La météo bretonne, globalement très belle sur la journée, nous a quand même gratifiée d’un gros grain en fin de matinée, histoire que nous ne rentrions pas tout le temps sec.
Le renversement des courants a modifié les zones de navigation, ce qui nous permet de gréer et partir directement sous spi ! Un peu fourbus et endormis, ça nous a bien secoué (surtout moi). C’est sportif, le spi !
Le grain est passé alors que nous remontions au près, après notre premier bord. Le paysage est devenu tout gris et uniforme, et nous nous sommes fait royalement douchés pendant une bonne dizaine de minutes, incapable de discerner quoi que ce soit dans le paysage. Puis la matinée a repris son cours comme si de rien n’était.
Nous avons su faire 3 « beaux » bords de spi ce matin, en enchaînant les galères les unes après les autres: les écoutes de voile d’avant qui s’emmêlent avec le tangon, le point d’amure qui se détache, passer le sac de spi au vent ou sous le vent, … tant et si bien qu’on est revenu au coffre un peu en retard.
Mais visiblement pas aussi en retard que les autres bateaux ! Je ne sais pas ce qui s’est passé ce matin mais c’était chaotique.
C’est bien fatigués mais ravis de cette séance intensive au spi que nous avons rejoint le centre. Ça aide à démystifier cette toile puissante, et vu toutes les bêtises qu’on fait, on a beaucoup à apprendre.
A cause de tous les bateaux en retard, le repas est un peu décalé. Pauvre bordée, ils ont arrêté de nav plus tôt et au final ils doivent poireauter en attendant que tout le monde arrive… en tout cas le repas était délicieux, riz au champignon et micmac de légumes avec des pois chiches. Comme prévu, il restait du dessert de Noël !
Un peu fatigués, mais toujours motivés, nous repartons à l’assaut du spi avec une frite-bouée pour simuler notre premier petit parcours type « régate ». Nous mettons en œuvre nos exercices de positionnement et de choix de route en essayant de virer au bon moment pour passer près de la bouée, tout en ayant assez de longueur pour pouvoir mettre en place le spi.
Tout se passe bien de ce côté-là, mais en redescendant nous avons mal calculé notre trajectoire, et il faut faire un, puis deux empannages. Heureusement (ou dommage pour nos exercices ?) c’est notre mono qui va en numéro un pour bouger le tangon, avec énergie et force galère. Ça tire et ça choque du bout partout, ça braille des ordres, les voiles claquent, mais l’ambiance reste bonne (je crois) malgré les petites pointes de stress. Pour me rassurer, je me dis qu’on galère de moins en moins.
On récupère la frite à la volée en retournant au coffre, et on envoie un dernier bord de spi jusqu’à l’arrivée, remarquable ! Seul hic, nous sommes arrivés les derniers. Nous rangeons vite vite, tandis que le soleil se couche, et on retourne à la cale avec le dernier tour de pram. Le mono doit ensuite stationner la pram sur sa bouée et revenir en paddle… bonne chance, pour ne pas tomber dans l’eau ! D’autant que la nuit est presque tombée maintenant…
Nous bondissons sur la cale, emportant avec nous le tangon dont la mâchoire semble cassée.
Flo et moi guettons notre moniteur depuis le banc de la cale, et nous sommes si bien installés là qu’il finit par arriver à la base avant nous. La nuit est complètement tombée maintenant. C’est l’heure de prendre une bonne douche et une petite pause avant de manger.
Lasagnes végé au repas du soir, miam miam !! Tout le monde commence à se connaître, ça papote gaiement autour des tables. C’est chouette d’être en petit comité, l’ambiance est très conviviale. Après manger, nous terminons la journée avec un topo empannage de spi, sous l’œil intéressé de l’autre équipe de niveau 3. Une fois le sujet abordé dans tous les sens, Flo reste boire une bière avec quelques personnes tandis que je vais écrire et faire dodo, épuisée.
Mercredi 27 décembre
Ce matin, le vent souffle fort sur l’île d’Arz. Près du centre, on ne le sent pas trop, mais on l’entend siffler dans les arbres. Au bord de la mer, les rafales nous décoiffent et nous gèlent. Vite, il est temps d’enfiler les cirés. Nous allons affronter la petite houle et les 35 km/h dans les voiles. Dans l’air, l’excitation se mêle à l’appréhension, surtout chez les niveaux 1 qui n’ont jamais affronté ce genre de météo. Les prams sont bousculées, sur leur petite bouée, et notre mono n’a pas l’air ravi de devoir prendre le paddle pour aller les chercher. Mais il s’en charge avec courage et sa bonne humeur habituelle.
Aujourd’hui notre équipage accueil l’un des Maitres de Maison. Il doit nous trouver barjo de gréer le spi par ce temps-là, même si c’est juste « pour l’exercice, au cas où ».
Si je devais résumer ce stage, je dirais que la plupart de nos manœuvres étaient « laborieuses mais fonctionnelles ». On est passé par plein de cas foireux, ce qui est très instructif. Cette fois, au départ du coffre, le bateau était amarré à la pram ET au coffre, vraiment au milieu de l’amarre. Impossible de se libérer du coffre sans libérer AUSSI la pram, ce qui n’est pas le but évidemment… Avec sa magie, notre moniteur réussit le défi de nous libérer et nous voilà, fendant joyeusement les eaux, à se faire fouetter par les vagues qui explosent sur l’étrave. Nous nous suspendons dehors au rappel, pour compenser la forte gîte du bateau. Le programme d’aujourd’hui: barrer en surpuissance. Tout à fait dans le thème, avec notre petit ris et notre foc, là où les autres ont plus prudemment mis 2 ris voire même le tourmentin.
On a pas mal pris la flotte aujourd’hui, que ce soit les winchs qui trempent dans l’eau ou les vagues qui nous aspergent. En étant au rappel, le moindre virement de bord devient sportif, pour s’extraire de sa position et atteindre l’écoute tout en bas du bateau.
Au moment d’abattre pour redescendre sous le vent, le moniteur s’est quand même posé la question de savoir si on envoyait pas le spi… mais une rafale l’a fait renoncé. Et le vent n’a pas prévu de se calmer d’ici la fin de la session.
Moi j’étais bien à ce moment-là, à la place du numéro 1 pour filmer, à m’allonger sous la voile d’avant pendant les virements de bord. Pendant la descente sous le vent, on a travaillé les empannages. C’est à peu près à ce moment-là que le chariot d’écoute de GV a sauté de ses gonds. Déjà qu’il ne coulissait pas bien, là il ne coulissait plus du tout ! Le bout du pataras a servi de réparation de fortune pour garder le chariot fixé au bateau.
Après un bon nombre d’allers-retours, la fatigue commence à se faire bien sentir. Avec ce vent, le simple fait de se déplacer sur le plan d’eau demande de l’énergie et de la concentration.
L’heure de manger approchant, bien qu’elle ait été un peu décalée pour nous permettre de naviguer au maximum, nous retournons au coffre. On s’en sort bien, par rapport aux conditions.
Pendant que nous rangeons le bateau, le chef de base vient réparer notre chariot de GV.
Un tel temps, on en avait pas eu depuis longtemps ! De retour au bungalow, mes mains sont restées moites, froides et fripées pendant au moins 1h après que j’ai enlevé mes gants. Elles étaient comme des éponges imprégnées d’eau.
Après le déjeuner, tout le monde est crevé: c’est l’heure de la sieste. En milieu d’aprèm’, on reprend avec un petit topo sur les exercices de ce matin. Flo est encore tout endormi, on a un fond de café dégueu, un petit thé, de la chaleur, et nos compagnons qui font une Fresque du Climat derrière nous. On mange du gâteau à la banane et on fait des petits dessins de bateaux sur le tableau blanc.
Sans surprise, au repas, ça parle écologie.
Puis c’est l’heure des bilans de mi-stage. On évalue notre progression sur les différents points qu’on avait demandé à travailler en début de stage, on voit ce qu’il reste à faire. Grosso modo, on a bien soupé du spi et des manœuvres. Ça manque un peu de réglages de voile et de prises de coffre, qu’on finit souvent par faire en catastrophe juste à l’heure.
éJeudi 28 décembre
Ce matin, nous nous lançons (enfin, notre mono surtout car nous on avait pas trop envie) dans un exercice de régate entre deux bouées. L’autre groupe de niveau 3 va placer la bouée au vent, et nous celle sous le vent.
Le temps de mettre les frites en place et puis de trouver la bouée de l’autre, on est déjà bien en retard. Notre premier tour est un échec ponctué de « Mais elle est où l’autre bouée ?! ». Une fois au portant, l’envoi de spi part en cocotte, on galère à le récupérer et à le gonfler (à base de « Choque le bras ! Borde l’écoute ! Aide-le à sortir !! ») et puis comme les cailloux n’attendent pas, 3 secondes plus tard on affale. Nous récupérons la bouée dans la foulée, car la matinée file. C’est le chef de base et son Zodiac qui vont récupérer la 2ème bouée, pour nous aider. Nous retournons au coffre un peu en catastrophe, mais avec classe sous notre spi.
Max décide de rester se reposer à la base après le repas. Nous récupérons à la place deux autres gars dans l’équipage. Les pauvres ne savent pas ce qui les attendent. Notre mono s’est transformé en fou du spi, il ne veut plus arrêter de l’envoyer. A peine ont-ils eu le temps de mettre un pied sur le bateau que nous sommes partis et que le spi est gréé. Moi j’avais demandé une tranquille remontée au près…
Nos nouveaux compagnons se retrouvent en numéro 1, et ils galèrent. Ça part en cocotte devant, la voile tombe dans l’eau, elle part trop vite. Ils la récupèrent en catastrophe, le mono nous lance des ordres sans queue ni tête, pour tout le monde et personne en même temps.
Un peu par hasard, nous finissons par réussir à envoyer la voile. Un des braves qui nous accompagne s’est planqué dans la descente pour essayer de ne pas gêner. Le pauvre, il n’a même pas le temps de connaître le bateau. Au moment d’empanner, le spi repart en cocotte. Les cailloux approchent vite, trop vite… on affale le spi en catastrophe pour effectuer un demi-tour précipité et remonter vite au près pour s’éloigner des cailloux.
Encore une sortie pleine de rebondissements ! Nous avons encore fait plein d’erreurs… Flo et moi on essaye d’anticiper un peu maintenant, on range le pont, les bouts, on essaye de prévoir, mais notre mono semble toujours très pressé et se précipite dans les manœuvres.
Nous rentrons à la base avec soulagement. Fatigués du spi, des circuits, du stress des manœuvres. On se sent plus en mood croisière, à faire un long bord en regardant le soleil embraser la mer, les nuages, écouter le vent, les vagues, calculer les marées, prévoir l’arrivée au port…
Mais bon de toute façon, c’est bientôt fini. Ce soir c’est bilan de fin de stage. Malgré nos caractères parfois difficilement compatibles, le stage s’est quand même très bien déroulé et nous avons appris vraiment beaucoup de choses. Surtout sur le spi ! Nous repartons contents et satisfaits de cette intense semaine de manœuvre qui nous a laissé des crampes dans les épaules et le corps tout fourbu.
Vendredi 29 décembre
J’ai super mal dormi cette nuit… l’angoisse du dernier jour ? J’ai du mal à me réveiller. J’ai très envie d’une nav posée et contemplative, de profiter de la mer pour ce dernier jour. D’autant qu’on a vu hier qu’on était tous un peu fatigués. Mais notre mono a prévu qu’on s’amuse encore un peu avec le spi avant de rentrer.
Je n’ai pas mon mot à dire alors je subis un peu nos deux heures de manœuvres… et alors qu’on se dirige vers la fin du stage et le coffre, mes nerfs finissent par craquer et je m’énerve sur notre mono qui a eu le malheur de me répéter deux fois que le winch sur lequel j’étais en train de manœuvrer était en train de surpatter. Sans blague. Je tente de me calmer mes nerfs en pelote et je m’excuse platement…
On range le bateau, et on nettoie le pont que ce soit tout propre pour les prochains stagiaires. Puis ça y est, on rentre, on rend le matos.
Après manger c’est le moment du grand ménage de la base. Tout le monde s’y met, les uns à la serpillère, les autres au chiffon, et c’est rapidement terminé. Comme il nous reste du temps avant de prendre le ferry, Flo et moi faisons le trajet à pied jusqu’à la gare maritime, le long de la côte, dans la gadoue et l’eau. On retrouve les copains sur le ponton et on profite d’une dernière traversée ensemble jusqu’à Vannes. Puis vient le moment de se dire au revoir, en échangeant de timides promesses pour se revoir plus tard, avant de partir chacun de son côté.
Nous avons 3h devant nous avant de reprendre le train pour Paris, donc on va traîner dans la ville de Vannes. La petite ville est encore en ébullition après Noël. On mange des crêpes, avant de rejoindre la gare, où nous apprenons que notre train a une heure de retard ! J’ai tellement hâte d’être à la maison, ce trajet de retour me semble déjà interminable. Heureusement on retrouve un de nos amis Glénans à la gare, avec qui on discute en attendant l’heure.
Retour à la maison à minuit et demi. La mer, c’est fini pour cette fois. Maintenant il va falloir digérer tout ce qu’on a appris, et prévoir nos prochaines aventures océaniques !
Coucou ma fifille ! Relu et corrigé, mais je vieillis et j’ai de plus en plus de mal surtout avec les conjugaisons ! Heureusement Google est mon ami! Très beau récit bien que beaucoup de termes techniques m’échappent. Gros bisous