coucher de soleil dans le golfe du morbihan

> Voir aussi: la 1ère semaine de stage niveau 1 <

Stage croisière niveau 1

Deuxième semaine – Embarqué dans le golfe du Morbihan (Sun Odyssey 33i)

Du vendredi 23 décembre au jeudi 29 décembre 2022

 

Nous retournons à Vannes le vendredi 23 décembre, où nous découvrons « U Grecale », le Sun Odyssey 33i qui nous accueillera les prochains jours. Nous faisons les courses dans un grand magasin – il y a du monde, c’est bientôt Noël. Nous ressortons avec un caddie plein à craquer de victuailles pour notre semaine de croisière.

Le reste de la journée est consacrée à l’installation dans le bateau, l’inventaire, le premier repas dans la petite cuisine d’U Grecale. Nous découvrons la gazinière qui reste stable à la gite, la condensation sur les parois du bateau, les toilettes avec la pompe pour tirer la chasse d’eau, la soufflette qui fait chauffage, le fil à linge au milieu du carré avec nos vestes de quart qui sèchent, la capitainerie du port pour prendre une douche. Florian et moi retrouvons pas mal de similarité dans ce mode de vie avec celui qu’on peut avoir en trek, le poids du sac à dos en moins.

Sun Odyssey 33i des Glénans
Le Sun Odyssey 33i des Glénans sur lequel nous allons naviguer la prochaine semaine !

 

Notre première nuit dans le bateau est calme. Je fais des cauchemars où j’imagine la cabine prendre l’eau pendant que nous naviguons, trempant les sacs de couchage et toutes nos affaires.

***

Nous partons de Vannes de bonne heure pour passer le pont et traverser le golfe à marée haute. Florian fait les manœuvres de port et la traversée du canal à la barre mais une fois dans le golfe c’est moi qui m’y colle.

Je suis drôlement impressionnée par la vitesse du courant, la taille du bateau, des voiles, des bouts, et je me concentre à 1000% sur le pilotage et les manœuvres. Je flippe à mort, mais j’adore.

Une fois sortis du golf, je me détends enfin, et c’est un de mes camarades qui prend la suite tandis que je me retrouve aux écoutes de voile d’avant, moins stressant mais plus sportif vu la taille des voiles et la longueur des bouts.

Flo à la barre d'U Grecale, notre mono à droite et notre coéquipier qui essaye de repérer notre position
Flo à la barre d’U Grecale, notre mono à droite et notre coéquipier qui essaye de repérer notre position sans vomir

 

Nous mouillons à proximité de Port-Navalo pour déjeuner en échangeant nos premières impressions sur le voilier, avant de poursuivre notre aventure dans la baie de Quiberon où nous faisons quelques manœuvres pour nous familiariser avec le bateau. La pluie se joint à la partie. Nous remontons doucement jusqu’au port de la Trinité Sur Mer où nous allons passer la nuit.

Ca y est, nous avons enfin voyagé en voilier. J’ai du mal à croire qu’il nous a fallu si peu de temps pour réussir à le faire et surtout à comprendre (dans une certaine mesure) ce qu’on fait.

Ce soir c’est le réveillon de Noël, Florian et moi entamons la préparation d’un petit tofu bourguignon et ses galettes de pommes de terre, et nous prenons l’apéro pendant que les légumes mijotent. Noël sur un bateau, ça c’est sacrément original !

La soirée est douce. Nous rions, buvons, mangeons. La fatigue finit par gagner et Flo et moi retrouvons nos couchettes.

Un coéquipier et Mathilde à gauche en train de border son écoute de GV
Un coéquipier et Mathilde à gauche en train de border son écoute de GV

Repas de Noël sur le bateau !
Repas de Noël sur le bateau !

 ***

Ce matin, c’est Noël, c’est grasse mat’ et topo autour d’un café, dans le carré du bateau, tandis que la pluie et le vent battent dehors. On parle navigation: lecture de carte, choix des amers, triangulation de notre position. Ce qui nous permet de mettre tout cela en pratique dès l’après-midi: en route pour quelques exercices dans la baie de Quiberon !

 

Un groupe de deux tient la barre et les voiles tandis que l’autre tâche de se repérer au milieu de l’eau, jumelles et compas autour du cou. On se précipite du pont à la table des cartes pour comparer le paysage et les repères. Le vent faible et la mer peu agitée sont idéals pour l’exercice.

Le temps est si paisible que nous finissons même par envoyer le spi, sous le sage commandement de notre moniteur

J’ai du mal à suivre tout ce qui se passe, et après s’être agité dans tous les sens pendant plusieurs minutes, avoir monté une deuxième bôme (un tangon) et border les écoutes de spi, l’immense voile rouge de 75m² finit par se gonfler de vent. Elle est gigantesque, j’en reste stupéfaite. Nous passons aussitôt de 4 à 7 bons nœuds et traversons ainsi toute la baie, jusqu’à proximité de Port Haliguen.

On envoie le spi !
On envoie le spi !

Au bout d’une heure ou deux, le vent forcit, nous décidons alors de partir à l’aventure jusqu’à l’île d’Hoëdic plutôt que de passer la soirée à port Haliguen.

Les milles défilent. Les nuages s’imbibent de rouge tandis que le soleil plonge derrière l’horizon. Nous naviguons de nuit. Je tiens fermement la barre, le regard fixé sur le point vert du phare d’Hoëdic au loin. Les étoiles s’allument timidement dans le ciel. Les vagues nous ballottent de part et d’autre, je garde le cap.

Quelqu’un d’autre prend la barre. Je descends faire une ligne dans le cahier de bord. Il est temps d’affaler les voiles, le port se rapproche. Tout le monde prépare sa loupiotte rouge, pare-bats et haussières en place. C’est notre première stationnement de nuit, malgré la fatigue je suis aux aguets.

Nous accostons avec douceur dans le minuscule port. Nous nous activons pour amarrer le bateau, ranger le pont et les voiles. C’est fait, notre première « grande traversée » dans l’océan, presque 20 milles nautiques pour rejoindre une île !

Mathilde fait sa ligne dans le livre de bord
Mathilde fait sa ligne dans le livre de bord

 

Tout le monde est super concentré sur la nav
Tout le monde est super concentré sur la nav

***

 

Le lendemain, nous partons ensuite vers Belle-Île-en-Mer. Je n’y suis jamais allé et je tire un soupçon de fierté à faire le trajet jusque là-bas à la voile. Il fait beau, une fois n’est pas coutume.

Pour gagner du temps, on va manger en nav. Je prépare la popotte, sidérée par la stabilité de la gazinière et de ma casserole pleine de couscous qui, malgré la gite, ne s’est pas renversée. Après une bonne demi-heure la tête dans le guidon, je suis contente de sortir de mon trou et respirer un peu d’air frais, le cœur au bord des lèvres.

Après avoir bien mangé, nous travaillons les manœuvres pour récupérer un homme à la mer, sans doute l’exercice le plus difficile que nous ayons fait jusque-là. Je fus sacrément rassurée de savoir qu’on allait secourir un pare-bat lesté d’un seau, et qu’aucun de nous n’aurait besoin de se jeter à l’eau pour l’exercice.

Nous arrivons à Belle-Île en début de soirée, où nous retrouvons nos camarades des stages de niveau 2 qui ont plus ou moins suivi le même chemin que nous. On finit au bar à boire des bières, on oublierait presque qu’on est sur une île.

1er déjeuner en nav !
1er déjeuner en nav !

***

Ambiance un peu gênée le lendemain. Heureusement on trouve vite à s’occuper sur le bateau et tout redevient presque normal. On a discuté de l’accrochage avec notre mono. Il a beau être le plus jeune d’entre nous, il gère.

Les conditions de vent sont super aujourd’hui et nous traçons jusqu’à Port Haliguen pour refaire le plein d’essence. Nous voulions repartir aussitôt pour Hoëdic mais nous sommes coupés dans notre élan par un bateau des niveau 2 qui a coincé un bout dans son hélice. Nous voilà donc parti pour une expédition de remorquage. Je me suis retrouvée, l’espace de quelques minutes, à la barre de deux bateaux ficelés ensemble … la pression !!

Une fois le bateau au port, nous faisons demi-tour pour reprendre notre route vers la petite île. Demain il est prévu une grosse tempête et nous sommes unanimement d’accord pour passer cette journée à terre sur une île plutôt que dans un gros port.

La nav se finira de nuit, sous les étoiles.

Flo à la barre sous la pluie
Flo à l’écoute de VA sous la pluie

***

 

Le vent fouette le rivage. Le bateau tangue un peu, et les réservoirs font un bruit de clapotis d’enfer juste à côté. Je me lève les yeux collants, en baillant. J’aurais bien dormi quelques jours de plus. Je commence à accuser le coup de ces intenses journées.

Heureusement la journée est paisible. Petit topo météo pour la matinée. Promenade sur la côte autour de l’île pour l’après-midi. Et fin de soirée avec un nouveau topo de repérage. Mon cerveau absorbe goulûment toutes les informations que l’on veut bien lui donner.

Promenade sur la petite île d'Hoëdic
Promenade sur la petite île d’Hoëdic

***

 

C’est déjà le dernier jour. Il faut rentrer à Vannes aujourd’hui. Nous partons à 7h tapante, dans la nuit noire. La mer est encore bien agitée par la tempête de la veille. Nous avons pris un ris avant de partir, mais laissé le génois, un peu par flemme et un peu par défi, je crois.

Les vagues nous soulèvent allègrement. Un gros grain nous rince, histoire de bien nous réveiller.

Nous arrivons dans le golfe largement à l’heure, entraînés par le vent. On y entre presque en même temps qu’un autre voilier de niveau 2 avec qui nous entamons une gentille course jusqu’au port de Vannes.

Le gros temps s’essouffle, laissant subitement place à un paysage pastel où les rayons du soleil d’hiver donnent un air fantastique aux îles qui jonchent le chemin.

Arrivée sur Vannes à bord de U Grecale
Arrivée sur Vannes à bord de U Grecale

Stationnement en marche arrière réussi par Flo au port de Vannes. Vient le temps de ranger nos affaires, nettoyer le bateau, écoper, et faire les bilans de fin de stage. Pour nous, la prochaine étape sera le niveau 3 !

Ces deux semaines sont passées à toute vitesse et m’ont appris tant de choses. Le rêve fou de partir, un jour, sur notre propre bateau, ne me semble plus si improbable désormais.

 

Bye bye les Glénans… Merci pour ce voyage !!

Traversée du golfe du Morbihan pour retourner à Vannes
Traversée du golfe du Morbihan pour retourner à Vannes

Vous pourriez aussi aimer...

4 commentaire

  1. C’est formidable et drôlement bien raconté!
    Je me suis régalé de te lire ma fille ! Et du coup j’ai avalé tous les autres articles du site, la traversée des Pyrénées … (y aura t-il les autres épisodes? ) avec autant de plaisir.
    Le texte est vivant, jamais ennuyeux, les tournures de phrase sont soignées, les superbes photos viennent en appui au moment opportun.
    Vraiment bien réussi, un grand bravo pour ce travail.
    Je sais le travail que cela représente de rédiger ce compte-rendu, avec ce niveau de qualité, depuis la prise des notes jusqu’à la mise en page finale.
    Alors bravo pour le compte-rendu, bravo pour le site, et bravo à vous deux pour l’aventure.
    Et de te savoir heureuse j’en ai le cœur tout retourné! Je t’embrasse très fort!
    PS ne t’inquiète pas pour les fautes, il n’y en a pas beaucoup et ça ajoute du charme!

  2. Hé oui les glénans sont un bon départ pour une aventure en voilier.
    Si nous pouvons d’être de quelques utilités nous sommes là
    Mothaline (demande à papyturbo si vous avez un doute pour le nom)

    1. Merci beaucoup, le duo Mothaline ! 🙂 Nous avons bien prévu de passer vous voir à notre prochaine visite dans le Lot !

  3. Wouahou Mathilde ! Quelle belle aventure, je suis trop fière de vous deux
    Ton carnet de bord, je l’ai englouti. Tu écris si bien, j’ai ressenti tes émotions dans tes mots et vibré avec toi. Et les photos sont autant de plaisir et de coeur vibrant.
    Chapeau bas jeune fille pour ce beau partage et encore bravo à tous les deux pour votre courage et votre volonté.
    Plein de bizous aux aventuriers 😘😘

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *