Tour du Massif des Cerces (7,5 jours)

Modane -> Granges de la Vallée Étroite

1^er jour – Samedi 22 juillet

5,93km / 620m d+ / 49m d-

Arrivée à Modane à 13h20 par le TGV. Encore un peu endormis par le trajet de 4h30, nous commençons par un café devant le parvis de la gare. Notre itinéraire début par le fameux GR5, la traversée des Alpes. La reprise est un peu difficile : la chaleur est accablante et nos corps ne sont plus habitués à la montagne ! Heureusement nous grimpons dans la forêt, qui nous préserve avec sa fraîcheur. Pendant deux heures, nous nous élevons tranquillement au-dessus de Modane, sans croiser personne.

Nous émergeons des arbres en arrivant à hauteur de Valfréjus. Nous mettons nos pieds dans une rivière fraîche en contemplant la vue sur le massif de la Vanoise, de l’autre côté de la vallée. Quelques glaciers couronnent encore les sommets de leur éclat blanc.

En fin d’après-midi, nous rejoignons la ville pour faire quelques courses pour le soir avant de rejoindre le Gîte des Tavernes, un peu plus haut, où nous montons notre tente sur une petite terrasse prévue à cet effet. La vue y est charmante, le temps idéal pour un premier bivouac !

2^ème jour – Dimanche 23 juillet

14,6km / 1251m d+ / 464m d-

Levé 6h30, Flo plie la tente comme s’il le faisait encore tous les jours. Nous profitons du gîte pour prendre un bon petit déjeuner. Nous avalons tant bien que mal quelques tartines et du muesli, en faisant connaissance avec les autres randonneurs. Ils sont pour la plupart sur le GR5, sauf un Japonais et son fils qui font le tour de mont Thabor.

Première étape de la journée, le refuge au pied dudit mont. Nous nous retrouvons vite avec tous les randonneurs du dimanche, avec qui nous papotons en grimpant. Les locaux sont de bons conseils : nous avions dans l’idée de passer une nuit à la chapelle du mont Thabor mais ils nous apprennent qu’elle est fermée pour travaux.

Arrivés au col de la Vallée Etroite, les GR5istes redescendent de l’autre côté tandis que nous bifurquons vers le refuge. Nous reviendrons exactement ici dans moins d’une semaine pour la 2^ème partie de notre voyage !

Nous allons passer une bonne partie de l’après-midi sur les berges du lac Long, à profiter du soleil et de la vue sur le Cheval Blanc.

Vers 16h, on se remet en route vers notre potentiel bivouac. Les sentiers de rando se sont vidés. Nous passons le col des Bataillères et redescendons vers le lac. Florian y déniche un emplacement sympathique et bien plat où monter la tente.

Le temps de faire la popotte et le soleil se couche, nous privant de sa douce chaleur. Nous nous glissons aussitôt dans nos duvets.

Au milieu de la nuit, je suis réveillée de ma somnolence par un gros coup de chaud. Quelques instants plus tard, le ciel tout entier se met à craquer et se fend en éclairs. Puis le déluge s’abat sur nous. Le vent se lève en grosses rafales sifflantes, secouant la toile de la tente. Peu habitués à ces conditions, nous n’avons pas planté les « sardines de tempête ». S’ensuivent de longues heures angoissantes pendant lesquelles nous craignons de voir la tente s’envoler ou se déchirer sous les coups de butoir du vent. Je m’endors par intermittence lorsque le vent daigne s’apaiser…

3^ème jour – Lundi 24 juillet

12,96km / 554m d+ / 1172m d-

Est-il besoin de préciser que nous ne sommes pas très reposés ce matin ? Le réveil sonne une première fois à 7h mais, épuisés, nous l’ignorons et nous ne sortons de nos duvets que deux heures plus tard. Inspection rapide de la tente : RAS, capitaine. Tout a tenu le coup. Soulagement.

Nous démontons le camp et dévalons la pente jusqu’au refuge des Marches à moins d’une heure de là, où on nous sert un petit café revigorant. Le refuge est mignon et paisible, avec une vue magnifique sur la Vanoise.

Nous ne restons pas longtemps, motivés à bouger par le temps gris et frais. Nous nous hissons jusqu’au col des Marches, avec dans notre dos l’immense lac de Bissorte qui semble se déverser dans le vide.

 Les 1000m de dénivelé pour redescendre vers Valmeinier sont très longs, surtout les 300 derniers où nous voyons le village se rapprocher tout doucement.

Fatigués par la nuit dernière et souhaitant profiter d’une dernière nuit dans un lit avant un certain temps, nous décidons de nous arrêter ici pour aujourd’hui. Grand bien nous en a pris car la nuit fur orageuse et il a grêlé très sérieusement, et la tente n’aurait pas du tout apprécié ça.

4^ème jour – Mardi 25 juillet

13,6km / 1135m d+ / 334m d-

C’est frais et dispos, propres, le ventre et les sacs bien remplis que nous reprenons notre promenade, dans le soleil qui suit la tempête.

Nous montons tranquillement jusqu’au refuge de Terre-Rouge. Nous arrivons deux heures plus tard dans une ambiance singulièrement plus fraîche et grise. Le refuge est sur un grand plateau herbeux, desservant le massif du Thabor et la Point de Terre-Rouge.

Les couleurs ocres des montagnes, le vent et le ciel gris nous donne l’impression d’être téléportés en automne.

Nous déjeunons à côté du refuge, encore indécis sur la suite de notre parcours. Il est seulement midi, trop tôt pour s’arrêter et crever de froid dans le vent glacé, trop tard pour faire la prochaine étape. Après avoir scruté la carte et demandé quelques renseignements aux gardiens, nous partons pour bivouaquer au lac des Curtalès, un peu plus loin et plus ou moins sur notre route du lendemain. Ça devrait nous occuper une partie de l’après-midi.

Après avoir fait notre petit tour au lac de Curtalès, nous nous engageons donc sur ce parcours bleu. La sente n’est pas trop difficile à trouver et après nous être bien réchauffés dans la montée, nous arrivons au lac d’Izi, calme, sauvage, doté d’une vue imprenable sur le mont et le pic Thabor, malheureusement souvent caché par les nuages.

La pluie se met doucement à tomber, alors nous montons le camp rapidement. Nous nous réfugions sous la tente avant d’être complètement trempés.

J’ai un bras dehors pour touiller la soupe qui cuit hors de la tente, l’autre qui se réchauffe à l’intérieur, et puis j’échange de temps de temps.

Une fois le ventre plein, la pluie redouble d’intensité, et nous nous emmurons dans notre petit nid douillet. Heureusement il semblerait que nous soyons bien à l’abri du vent : nous l’entendons souffler mais notre tente (bien plantée cette fois) ne remue pas d’un pouce.

5^ème jour – Mercredi 26 juillet

11,25km / 593m d+ / 699m d-

La nuit fut bien froide (0 degré au moment de nous coucher !) et peu reposante. Nous pouvons traîner un peu pour nous lever puisque la journée de marche est courte, nous n’avons pas beaucoup de route à faire. Un peu de soleil vient nous réchauffer les os et sécher la tente avant qu’on ne la remballe.

C’est reparti pour le passage de la Pissine, le col qui nous permettra de rejoindre la prochaine vallée. Des petits paquets de grêlons traînent encore entre les touffes d’herbes, vestiges de la nuit dernière. Nous nous retournons de temps en temps pour admirer le massif du Thabor qui se dévoile timidement entre les nuages.

Depuis le col, nous tentons l’ascension de la Pointe de la Pissine. Mais à quelques dizaines de mètres du sommet, la neige fraîche et glissante et les cailloux trop friables nous font renoncer. Nous redescendons prudemment jusqu’au col. Après avoir déjeuné plus ou moins à l’abri du vent, nous reprenons notre route.

L’autre versant est magnifique : face à nous, les parois sombres et escarpées des Pointes d’Orient émergent d’une vallée verdoyante piquée de bosquets de sapins.

Pour rejoindre le GRP et la suite de notre parcours, nous descendons un grand pierrier, avant d’atterrir au soleil dans un vallon herbeux digne d’une carte postale. Nous restons là à contempler béatement le spectacle de la nature.

Nous remontons ensuite au col de la Plagnette, en longeant la magnifique Aiguille Noire dont la face à l’ombre, sombre et menaçante, fait imaginer des cris de grimpeurs chutant depuis ses flancs acérés…

Depuis ce matin, nous avons croisé deux ou trois personnes, pas plus. De l’autre côté du col, nous découvrons un autre monde. Le lac du Grand Ban et le lac Long se côtoient dans un écrin montagneux presque paradisiaque, où des dizaines de promeneurs viennent se baigner ou profiter du paysage.

Secoués par ce changement de décor, nous avons un peu du mal à redescendre et trouver une place de bivouac discrète, au milieu de ce Disney des montagnes. Florian est tout réticent à l’idée de squatter ici, préférant les bivouacs sauvages. Mais il faut se rendre à l’évidence, à moins de faire demi-tour, par ici on ne trouvera pas autant de calme que la nuit dernière !

Une fois installés dans un petit repli, le soir arrivant, les chemins se vident. Les marmottes sortent de leurs terriers, nous régalant du spectacle de leurs petites boules de poils joufflues cavalant dans l’herbe.

Il faut bien admettre que le lieu est particulièrement beau.

Avec le soir reviennent le vent et le froid. Nous mangeons rapidement, transis, et nous planquons vite fait sous les duvets. Je suis prise d’une grande lassitude. Je déteste avoir froid, j’ai une réserve de résistance assez faible sur ce plan-là… On n’avait pas connu la montagne si froide aussi longtemps, l’année dernière.

6^ème jour – Jeudi 27 juillet

6,9km / 691m d+ / 655m d-

Etonnamment, la nuit fut très paisible. Le vent est tombé très vite et on n’a pas entendu un bruit de toute la nuit. Le matin nous offre enfin un grand ciel bleu et un soleil éclatant. Cela me met du baume au cœur et nous aide à nous motiver à monter à la Pointe des Cerces (3097m).

L’ascension jusqu’au col des Cerces et les premières vires pour aller jusqu’à la Pointe sont magnifiques. L’herbe verte est parsemée d’une multitude de fleurs colorées. Mais le sommet ne compte pas se laisser vaincre si facilement… Le sentier se transforme rapidement en un désert rocailleux avec une pente à plus de 30 degrés, nécessitant de sérieux efforts pour en venir à bout.

Nous arrivons au sommet deux heures plus tard, et sommes aussitôt gratifiés d’un superbe panorama sur les Ecrins juste devant nous. Derrière, au loin, surgissant comme un îlot de glace entre les rochers, le massif du Mont-Blanc. Les montagnes s’étendent à perte de vue ici, en un fabuleux panorama à 360 degrés.

Le sommet est très venteux, alors après avoir pris quelques photos nous redescendons pour manger. Le sentier, impressionnant à monter, est très rapide à descendre et en une heure nous sommes de retour au lac du Grand Ban, battant au passage notre record de vitesse de  » D-  » avec un beau 700m en 1h.

Nous passons l’après-midi au bord du lac, à faire la sieste et reprendre des forces, grâce au temps qui s’est considérablement radouci. Nous bivouaquons au même endroit que la veille, en contemplant depuis la tente les marmottes qui batifolent et le vol gracieux des oiseaux.

7^ème jour – Vendredi 28 juillet

17,66km / 1192m d+ / 1193m d-

Nous descendons tranquillement jusqu’au refuge des Drayères, niché dans la vallée dans un charmant décor. Après une pause petit-déj’ et tarte à la myrtille, nous débutons enfin notre ascension vers le mont Thabor. . Il est 11h. D’abord douce, dans de vertes prairies jonchées de rochers épars, la montée se fait de plus en plus raide et sèche.

Nous atteignons la crête sombre et minérale menant au Rocher du Chardonnet, avec pour décor les glaciers des Écrins, qui nous suivent depuis quelques jours maintenant. La crête nous mène dans un pierrier aux gros rochers jaunes, où subsistent encore quelques névés. Une fois le pierrier franchi, c’est une longue et raide ascension qui nous attend encore, sur un sentier presque sablonneux, désertique, où seuls restent les randonneurs tardifs et deux bouquetins peu farouches.

Nous dévalons la pente glissante à un rythme effréné et parvenons au lac du Peyron juste avant la pluie. Le temps de monter la tente et faire le plein d’eau et nous nous mettons à l’abri, à quelques secondes de l’averse.

Heureusement, elle ne dure pas très longtemps, nous permettant de remettre la tête dehors pour profiter du paysage et manger tranquillement avant d’aller dormir.

8^ème jour – Samedi 29 juillet (1ère partie)

7,45km / 17m d+ / 699m d-

Réveil au lever du jour, les vaches sur le versant d’en face font sonner leurs cloches et se meuglent les unes sur les autres en un joyeux tintamarre. A 8h, nous cessons de prolonger cette nuit fatigante. Vivement qu’on dorme dans un lit ! Je crois qu’on a rarement enchaîné autant de jours en bivouac, même pendant notre traversée. C’est le 5^ème d’affilé.

Le temps de gober une barre de céréales et saluer les premiers randonneurs se lançant dans l’ascension du mont Thabor, et nous voilà sur le chemin de la Vallée Étroite. Nous laissons vite le GR pour un sentier de ski de rando, qui nous épargne le détour par le col de la Vallée Étroite que nous connaissons déjà.

Nous suivons la rivière glougloutante en évitant les zones un peu marécageuses. Nous pourchassons les ombres projetées par les pics des 3 Mages, masses sombres et menaçantes formant la frontière avec l’Italie, sans réussir à les rattraper.

Nous décidons de tester aussitôt les rumeurs concernant la cuisine italienne des refuges, et nous ne sommes pas déçus par le délicieux chili qu’on nous sert au refuge Terzo Alpini.

Nous y passons l’après-midi au soleil à roupiller et à dessiner face aux montagnes.

– Fin du Tour des Cerces –

🏕️ Continuer l’aventure

Eté 2023, deuxième partie ! Nous retrouvons notre groupe de randonneurs du CAF pour une traversée dans les alpes franco-italiennes. Des paysages grandioses et des sommets à + de 3000m nous attendent !