Florian et Mathilde à la voile

Stage Croisière niveau 3 – Intensif – Partie 1

Embarqué au départ de Paimpol (Dufour 360)

 

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1er jour – mardi 16 mai

Paimpol -> Anse de Bréhec

 

Paimpol.

Une ville porteuse de promesse pour un stage Glénans. On nous a vendu un secteur propice à la pratique intensive de la navigation. En contemplant le chenal d’accès au port de la ville, Florian et moi commençons à comprendre ce qui nous attend.

C’est bien simple: à marée basse, l’étroit chenal est vide. Impossible de rentrer ou de sortir du port. Les rochers perfides sèchent au soleil en attendant patiemment de se faire de nouveau recouvrir par la marée montante, pour guetter les imprudents quillards qui s’écarteraient du chenal. Mieux vaut bien s’en tenir à ses balises.

Chenal d'accès au port de Paimpol
Chenal d’accès au port de Paimpol

Plus que quelques heures avant le début du stage « niveau 3 instensif » de 10 jours. Nous ne nous sommes pas spécialement préparés cette fois. Quelques révisions à l’oral entre nous, pour se rappeler les chronologies, les manœuvres. Nous avons bien vu la dernière fois que ce n’était pas nécessaire de faire plus.

Je suis partagée entre l’excitation et la crainte d’être de nouveau déçue. Et en plus, pas au meilleur de ma forme: je sors épuisée de 3 semaines de bronchite printanière.

Un sandwich plus tard, et à 13h, nous sommes dans le bâtiment des Glénans, gonflés à bloc. Nous faisons la connaissance de notre moniteur et nos équipiers. Nous serons 7 sur le bateau, un Dufour 360. Nous partons en escadre avec un autre groupe en stage « Côte de Bretagne », plutôt orienté tourisme. 

Pas le temps de niaiser, nous commençons par l’inventaire du bateau, tandis qu’un détachement va faire les courses.

Notre première leçon consiste à aller contempler le chenal qui se remplit peu à peu et à confirmer que Paimpol, c’est zone dangereuse, et ce sera comme ça partout près de la côte. Parfait !

Notre départ se fait donc avec la marée haute, après 17h. Le ciel est d’un bleu éclatant et promet de le rester pendant toute la durée du stage. Flo et moi croisons les doigts pour que le vent se joigne à la partie.

Ta'Aora (Dufour 360), notre bateau pour le stage, dans le port de Paimpol
Ta’Aora (Dufour 360), notre bateau pour le stage, dans le port de Paimpol

C’est une première nav paisible. En deux heures et un seul bord tiré, nous sommes rendus à l’anse de Bréhec où nous allons mouiller pour la nuit. C’est la première fois que nous jetons l’ancre, Flo et moi ! Les membres de notre groupe ne sont pas tous ravis de l’expérience, car avec le premier jour vient souvent le mal de mer. Et nous sommes un peu ballotés dans notre petite coquille.

Nous faisons un peu connaissance. Les autres stagiaires sont pour la plupart retraités, sauf M. qui a notre âge. Notre premier repas en commun commence mal: bien que j’ai prévenu que j’étais végétarienne, celui en charge du repas ne l’a pas du tout pris en compte et je dois me contenter d’une assiette de pâte nature…

Coucher de soleil dans l'Anse de Bréhec
Coucher de soleil dans l’Anse de Bréhec
Mouillage à l'anse de Bréhec avec l'autre bateau de notre escadre
Mouillage à l’anse de Bréhec avec l’autre bateau de notre escadre

2ème jour – mercredi 17 mai

Anse de Bréhec -> Port de Tréguier

Ce matin, nous partons avec notre escadre et découvrons rapidement le principe de « ce qu’il ne faut pas faire ».

Avec les marées, les courants varient. Nous suivons le départ de l’autre bateau et nous nous retrouvons à remonter péniblement, contre le courant, le long de l’île de Bréhat et du sillon de Talbert. Le faible vent nous fait avancer à 3 nœuds tandis que le courant nous emporte dans l’autre sens à 2 nœuds ! On est pas loin du sur-place. C’est essentiellement au moteur que nous allons réussir à remonter jusqu’aux Héaux de Bréat, pour redescendre jusqu’à Tréguier… et remonter toute la rivière à contre-courant, encore.

Les belles côtes bretonnes et le phare de la Croix
Les belles côtes bretonnes et le phare de la Croix

La leçon est notée: demain, nous ferons notre propre plan de navigation, en prenant en compte les marées et les courants pour nous assurer un soutien maximum, puisque le vent n’est pas décidé à fraîchir !

Si la journée n’a pas été propice à la voile, sur la navigation en revanche c’était mon tour et j’ai pu m’en donner à cœur joie. Retrouver les jumelles, le compas de relèvement, reprendre ses marques avec les cartes et la règle de cra, il y avait de quoi faire. Et tenter de ravaler le mal de mer, aussi, car le nez sur la carte ne rend jamais rien de bon.

Nous passons la soirée au port de Tréguier. Flo et moi nous offrons une poignée de churros à la fête foraine installée non loin pour compenser un deuxième repas toujours composé essentiellement de viande. Je crois que je vais devoir me débrouiller toute seule pour me faire à manger.

En approche de la rivière remontant jusqu'à Tréguier
En approche de la rivière remontant jusqu’à Tréguier
Coucher de soleil sur le port de Tréguier
Coucher de soleil sur le port de Tréguier

3ème jour – jeudi 18 mai

 Port de Tréguier -> Port de Perros-Guirrec

 

Je croise les doigts très fort pour que nous puissions faire de la voile aujourd’hui. La frustration monte doucement mais sûrement. Je ne vois pas pointer le « i » de « intensif » pour l’instant.

La sortie de la rivière de Tréguier est bien plus rapide avec le courant pour nous. Une fois au large, nous entamons enfin les exercices: homme à la mer (ou plutôt pare-bat’ à la mer) au moteur ou à la voile. J’adore cet exercice difficile, il faut garder son sang-froid et bien connaître son vent, ses manœuvres, et à la barre faire preuve de concentration pour arriver à vitesse nulle sur l’objectif. C’est un sacré travail d’équipe.

Nous fonçons ensuite vers les Sept îles où nous mouillons pour le déjeuner. Flo et moi sommes un peu surpris qu’on « s’arrête pour manger », alors que les conditions sont parfaites pour manger en nav…

Nous n’avons pas vraiment l’air d’être sur la même longueur d’onde que le mono quand à ce qu' »intensif » veut dire.

 Ceci dit, la vue sur l’île sauvage est très jolie et nous pouvons également contempler un beau voilier au style ancien, qui débarque ses passager pour une petite visite.

Mouillage à l'île aux Moines à côté d'un superbe voilier
Mouillage à l’île aux Moines à côté d’un superbe voilier

Dans l’après-midi, nous redescendons sur la côte bretonne, au port de Ploumanac’h où nous ne faisons que passer en coup de vent pour admirer le magnifique Château de Costaérés coincé sur sa petite île, et la magnifique côte de Granit Rose surplombée par le phare de Mean Ruz.

Le chateau de Costaérés sur la côte de Granit Rose
Le chateau de Costaérés sur la côte de Granit Rose

Nous finissons la journée au port de Perros-Guirec, des étoiles plein les yeux de toutes les belles choses que nous avons vu aujourd’hui.

4ème jour – vendredi 19 mai

Port de Perros-Guirrec -> Roscoff

 

Levé matinal et départ avec la marée. Le temps est au beau fixe une fois de plus, et il y a un peu de vent.

Ce matin on entame un exercice auquel je n’aurais jamais imaginé me prêter aussi vite: un virement de bord… en solo.

J’accueille l’idée avec un soupçon d’effroi mais la curiosité l’emporte bien vite. Je regarde les autres équipiers passer les uns après les autres. La chronologie est la même que pour un virement de bord à plusieurs, mais tout seul. Il faut donc être méticuleux dans sa préparation et, une fois la barre envoyée pour le virement, être vif et précis dans ses mouvements. Lâcher l’écoute qui passe au vent, reprendre l’écoute sous le vent, la border efficacement, et revenir à la barre avant d’avoir trop dévié du près…

Je passe dans les dernières, le cœur battant à 100 à l’heure. Je n’ai pas eu beaucoup la barre depuis trois jours, et je ne me sens pas à l’aise avec les barres à roues. Mais il faut bien y aller alors je respire un grand coup et « j’envoie ». Sans précipitation, je gère la trajectoire, les écoutes. Ça se passe tout en douceur. Premier essai, je finis trop abattue, et je dois y aller au winch pour reborder le génois, mais c’était bien plus facile que je ne l’imaginais ! Deuxième essai, toujours trop abattue, mais avec une voile d’avant un peu moins ballottante.

Au tour de Florian. Très concentré et d’une minutie à toute épreuve, il s’en sort très joliment sur ses deux essais. Nous ne sommes pas encore au point mais désormais, nous savons que c’est une manœuvre faisable… ça nous rapproche un peu plus de notre projet de naviguer tous les deux !

Florian bien concentré pour ses virements de bord en solo
Florian bien concentré pour ses virements de bord en solo

Une fois sortis du goulot du chenal de Perros-Guirec et après que tout le monde soit passé aux virements solo, nous remontons vers le port de Ploumanac’h pour refaire l’entrée. Notre moniteur aimerait bien qu’on la fasse à la voile, mais le courant est vraiment fort donc on finit au moteur. Tant pis, on a le droit à une deuxième séance de tourisme sur la côte de Granit Rose.

L'équipage de Ta'Aora aux abords de la côte de Granit Rose
L’équipage de Ta’Aora aux abords de la côte de Granit Rose
Zoom sur le chateau de Costaérés près de la côte de Granit Rose
Zoom sur le chateau de Costaérés près de la côte de Granit Rose

Nous tirons ensuite un long bord jusqu’à la magnifique pointe de Primel où nous mouillons pour déjeuner. Nous nous engouffrons dans le tout petit port avec un œil inquiet sur le sondeur car la marée n’est pas bien haute et il y a du fond. 2m10 à la sonde… et nous avons 2m10 de tirant d’eau. Ouch ! Heureusement la marée continue de monter et on ne touche pas le fond de tout le repas.

Nous repartons en direction de Roscoff qui n’est plus très loin. A la radio, on entend un appel « mayday » concernant un bateau avec une voie d’eau non loin de l’île de Batz, à côté de Roscoff. Une preuve de plus s’il en faut d’à quel point la zone est dangereuse !

Arrivés devant le port de Roscoff, nous nous voyons interdire l’accès par les 3 feux rouges. Derrière nous débarque le ferry qui fait la liaison avec l’Irlande, un monstre de plus de 150m de long et 11 ponts de haut ! Avec nos 36 pieds (11 mètres) de long, on se sent rikiki à côté. Nous le regardons passer de bieeen loin. Puis les feux passent au vert et nous entrons dans le port.

Nous profitons de la soirée pour prendre une bonne douche à la capitainerie et boire un verre au bar du port. Flo, M. et moi allons faire quelques pas le long du GR34 pour voir la mer et grimper sur les rochers. Le paysage dans le soleil couchant est superbe. C’est bon, les vacances.

Arrivée au port de Roscoff avec le Brittany Ferries
Arrivée au port de Roscoff avec le Brittany Ferries dans le fond
Le Port de Roscoff
Le Port de Roscoff

5ème jour – samedi 20 mai

Roscoff -> Perros-Guirrec

 

Nous sommes rentrés un peu tard de balade hier soir et le mono n’a pas apprécié car cela à un peu mis à mal la préparation de la navigation. Oups… A vrai dire, nous ne savions même pas vraiment où nous devions aller… 

La suite de notre séjour se décide maintenant. Il nous faut, dans tous les cas, faire machine arrière vers Paimpol, soit pour aller jusque dans les îles anglo-normande, soit pour remonter plus à l’est sur la côte bretonne. Les marées et le temps étant contre nous pour effectuer la longue traversée jusqu’à Jersey ou Guernesey, nous optons finalement pour la côte, qui nous emmènera jusqu’à Saint-Malo. Ça tombe bien, je n’y suis jamais allée !

Ce changement de programme nous laisse la matinée libre. Notre moniteur en profite pour nous emmener faire un « topo surprise » sur l’aire de carénage  du port. On y (re)découvre, à sec, le bateau de nos camarades d’escadre des premiers jours… avec une brèche de 40 cm dans la coque ! C’était lui, le bateau appelant à l’aide hier sur la VHF, avec une voie d’eau ! Nous restons béat devant cet accident. Le bateau est passé au sud d’une cardinale nord, et est rentré dans des rochers. Fin de stage pour eux…

 

La bateau Glénans avec sa voie d'eau (entourée en rouge)
La bateau Glénans avec sa voie d’eau (entourée en rouge)
La voie d'eau, une belle brèche de 40cm dans la coque !
La voie d’eau, une belle brèche de 40cm dans la coque !

Cet après-midi, Florian et moi nous occupons de la navigation. On va remonter au vent toute la baie pour retourner à Ploumanac’h.

Nous passons au large mais la zone n’est pas exempte de danger et, jumelles à la main, nous surveillons soigneusement notre itinéraire. Je ne me sens jamais à l’aise quand on s’éloigne des côtes et que les repères visuels se confondent à l’horizon.

La mer, plutôt calme, semble sûre partout, mais sous les vagues se cachent bien des pièges qu’il vaut mieux éviter…

Le fier équipage du Ta'Aora
Le fier équipage du Ta’Aora

Heureusement, tout se déroule sans encombres, et nous tirons des bords jusqu’à revenir à Ploumanac’h. Un petit tour dans le port (encore un), l’œil rivé sur le sondeur, nous apprend qu’on ne pourra pas y passer la nuit: pas assez de fond, contrairement à ce qui est indiqué sur la carte…

On continue donc jusqu’à Perros-Guirec, à une petite heure de là, où nous sommes sûrs de pouvoir dormir sans toucher le fond.

Lever de soleil dans le port de Perros-Guirrec
Lever de soleil dans le port de Perros-Guirrec

– Fin de la 1ère partie –

Et vous, est-ce-que vous avez déjà fais un stage Glénans ? Ou de la voile ? Dites moi ce que vous en avez pensé !

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2 commentaire

  1. Vous n’avez donc pas fait le niveau 2 ? Une raison à cela ?

    1. Bonjour Valentin !
      En fin de stage, il y a un bilan avec le moniteur, qui profite de ce moment pour nous conseiller sur les stages suivants à faire. Il nous a dit qu’on avait pas besoin de faire le niveau 2 (qui est une consolidation du niveau 1, sans apporter beaucoup de choses en plus), on pouvait passer directement en niveau 3. Sinon, je cite, « vous allez vous faire ch*er ».
      J’espère que ça répond à ta question 🙂
      Bonne journée !
      Mathilde

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